DEVANT L E PROBLÈME ARMÉNIEN
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des fautes politiques regrettables, ne se trouvaient pas tous entre les
mains des Alliés. I l était donc voué à u n échec tout au mo i ns pa r t i e l .
L'Arménie fut l a première à pâtir des erreurs commises, car les quatre
vilayets, sur lesquels venait d'arbitrer le Président W i l s o n , étaient de–
venus le berceau du Nationalisme turc, le centre d u mouvement kéma-
liste. L'indépendance arménienne était dès lors fatalement destinée à
devenir le premier sacrifice que les Alliés, las de l a l u t t e et désireux
d'une paix générale, offriraient aux Turcs d'Angora. Cette indépendance
n'apparaissait malheureusement pas aux Alliés ce qu'elle était, c'est-à-
dire une nécessité politique ; i l s ne se rendaient aucunement compte des
services qu'une Arménie forte aurait p u rendre à la civilisation dans
une lutte contre u n pantouranisme envahisseur. En outre, les considé–
rations de morale internationale ainsi que les promesses solennelles
faites aux Arméniens pendant la guerre ne semblaient p l u s peser autant
dans la balance des Alliés qu ' au mome n t de la conclusion d u traité de
Sèvres. En s'asseyant à l a table verte de la Conférence de Londres, les
diplomates de l a Tu r qu i e vaincue eurent une vision très nette de ce nou v e l
état d'âme de leurs vainqueurs, et i l s surent, avec une habileté consom–
mée, y conformer l eu r conduite. Pa rmi les succès diplomatiques nota–
bles qu'ils remportèrent au cours de leur lutte pour la reconnaissance
d u Pacte national turc, l'abandon de l'indépendance arménienne pa r les
Alliés leur échut presque sans résistance, comme l a première consé–
quence naturelle de l a nouvelle situation générale, créée par les fautes
et la faiblesse des uns et l'énergie des autres.
Fonds A.R.A.M