rames, dansaient sur les eaux ; lestées de leurs voyageurs,
elles étaient le jouet des flots. Tout le l o n g des quais,
l'incendie achevait de consumer sa proie.
La foule, stupéfaite, se tenait sur les quais, aussi l o i n
que possible du feu, harassée de fatigue, saisie de frayeur,
hébétée par le drame q u i venait de se dérouler à ses yeux.
Tôt après, commencèrent les arrestations et les dépor–
tations. Les soldats kémalistes parcouraient les rangs de la
foule et arrêtaient les hommes de i£ à
70
ans. On les em–
menait à la caserne, après les avoir, en cours de route,
battus et maltraités. La caserne ne tarda pas à être r em–
plie. On forma alors des convois de
3
à
5.000
hommes,
q u i furent conduits sous escorte à Bounar-Bachi. Les sol–
dats, à cheval, obligeaient les déportés à les précéder en
courant devant les chevaux lancés au galop. Beaucoup
succombèrent, dans cette course folle. On les achevait à
coups de baïonnettes. Le convoi était réduit d ' un quart
environ, en arrivant à Bounar-Bachi. Du r a n t ce trajet de
2
heures
1/2,
on ne s'arrêtait qu'une fois, n o n p ou r accor–
der du repos aux déportés, mais pour les fouiller et les
piller plus à l'aise. Trois jours du r an t , des convois p a r t i –
rent ainsi pour Bounar-Bachi. Cette localité était devenue
u n lieu de concentration.
Après quelques j ou r s , sur des ordres venus de haut,
on renvoya les vieillards, tandis qu ' o n emmenait les h om –
mes valides vers l'intérieur. Le nombre des homme s ainsi
déportés atteignit de
70
à
80.000.
Les femmes et les j e u –
nes filles furent enlevées et emmenées vers Balzova, Mer-
sinli, où elles furent livrées à la soldatesque...
Avec Smyrne, la politique des massacres, commencée
en
1894,
avait fait le t ou r des centres chrétiens de l ' Em –
pire ottoman.
Fonds A.R.A.M