La débâcle de l'armée hellénique allait avoir les consé–
quences les plus désastreuses pour les populations chré–
tiennes (arméniennes, européennes et grecques) des ré–
gions évacuées et en particulier de la circonscription de
Smyrne.
Dès le début du mois de septembre, nombre d'officiers
et de soldats grecs se précipitaient à Smyrne, pour s'em–
barquer en toute hâte. Derrière ces soldats en débandade,
les populations chrétiennes d'Afioum, d'Ouchak, d'Ala-
chéïr, de Salihli, de Kassaba, d'Eudémiche, de Manissa et
d'autres localités se réfugièrent à Smyrne, frappées de
panique et dans u n état lamentable.
Le
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septembre, le métropolite de Smyrne, Mg r Chrysos-
tomos ( i ) , l'archevêque arménien, Mgr Tourian, et le chef
des Arméniens protestants se présentent chez M. Ster-
ghiades, haut commissaire grec et gouverneur de Smyrne,
qui leur déclare que la situation est extrêmement grave
et leur conseille de faire des démarches auprès des con–
suls des Puissances étrangères.
Les jours suivants, les trois chefs de ces communautés
religieuses se présentent chez les divers consuls.
Le consul de France leur donne l'assurance qu ' i l n'y a
rien à craindre et que, même en cas de troubles, i l n'y
aurait pas de massacre en ville ; au surplus, aurait-il
aljouté, des soldats français sont attendus pour protéger
les chrétiens.
Le consul d'Italie les rassure également en leur disant
que l'Italie, en protégeant ses iô.ooo ressortissants dissé–
minés dans la ville, protégera de ce fait les autres com-
munautés chrétiennes.
Le consul de la Grande-Bretagne, après avoir âprement
(1)
Voir son martyre, narré par René
PUAUX,
La mort de Smyrne
(
Paris,
1922),
p. 20-25.
Fonds A.R.A.M