ottomans : cela parut constituer u n danger très grand
au gouvernement jeune-turc.
La deuxième raison était la Question arménienne, qu i
était sur le tapis depuis plus de 4o ans, et qu i , à la veille
de la guerre mondiale, avait reçu une solution qu i n'était
pas en faveur des Turcs, et ce, grâce aux deux Puissances
(
France et Russie), contre lesquelles la Turquie partait en
guerre.
Les dirigeants turcs trouvèrent le moment opportun
de se débarrasser une fois pour toutes de l'épineuse Ques–
tion arménienne, en supprimant les Arméniens. La chose
leur paraissait d'autant plus aisée, que les protecteurs
(
Français et Russes) étaient impuissants d'intervenir en
leur faveur.
Les Turcs employèrent les procédés les plus barbares.
Suivant les instructions télégraphiques, émanées de Cone-
tantinople, on donna l'ordre d'évacuer toutes les localités
qui se trouvaient, soi-disant, sur les voies stratégiques.
Si cette précaution pouvait paraître utile pour les p r o v i n –
ces turques qu i étaient en lisière de l'empire russe, elle
perdait tout son sens pour les provinces qu i en étaient
éloignées de
700
à
1.000
kilomètres.
C'est à la suite de ces ordres émanés de Constantinople,
que la population arménienne des villes et des campagnes
de l'Arménie turque fut déportée dans les déserts de Syrie
et de Mésopotamie.
On commença par réunir tous les intellectuels armé-
nins en vue, au nombre d'environ 3oo, et on les dirigea
sur Diarbékir et de là sur la Syrie. Avant d'arriver à
Diarbékir, ils furent presque tous massacrés, dans d'hor–
ribles tortures ; c'étaient des députés, des journalistes, des
professeurs, des publicistes, des hommes de lettres, des
avocats, enfin des médecins dont quarante sortaient de
nos facultés françaises.
On déporta ensuite les urbains et les paysans. Les hom-
Fonds A.R.A.M