I l v i t donc dans le mou v eme n t i n su r r e c t i onn e l des A r –
méniens une tendance nettement séparatiste. I l était per–
suadé que les Arméniens voulaient, n o n pas des réfor–
mes, mais une indépendance complète, voire même « u n
r o y aume ».
Pour ne pas se v o i r déposséder des provinces armé–
niennes connues sous le n o m des six vilayets, i l trouva
t ou t naturel d'en s up p r i me r les Arméniens ; ainsi, pensa-
t - i l , i l n ' y aura plus n i réformes à a c c omp l i r , n i « r o y au –
me d'Arménie » à redouter.
La demande des Arméniens était des plus modestes,
p ou r leur pays et pour leurs na t i onaux . Pou r nous autres
Français, la chose paraît enfantine. Que demandaient-ils,
en effet ? Tout s imp l emen t , la sécurité de leur vie, de leur
honn e u r et de leurs biens. Ils demandaient que les res–
sources naturelles d u pays fussent exploitées et mises en
valeur. Comme ils comptaient u n g r and n omb r e d'ingé–
nieurs, de médecins, d'avocats, d'autres intellectuels, d o n t
la p l up a r t étaient sortis de nos écoles, ces homme s ins–
t r u i t s et intelligents auraient v o u l u p o u v o i r appliquer
leurs connaissances et leurs ressources cérébrales à l ' i n –
dustrie, au commerce, à l ' a g r i cu l t u r e , au développement
général de leur patrie. Les dirigeants turcs s'y opposaient
aveuglément, parce qu ' i l s ne coniprenaient r i e n à ces sor–
tes de revendications.
Les massacres, organisés et ordonnés par Abd - u l -Ha -
m i d I I , commencèrent par Sassoun, où u n petit groupe
de patriotes arméniens était retranché. Pou r réduire ce
groupe, le sultan envoya u n régiment. Le g r oupemen t ar–
ménien résista et l'armée t u r qu e en profita p ou r détruire
aussi b i e n le foyer de résistance arménien que tous les
vijlages de cette province. Ce f u t le signal des grands
massacres de
1894-1896,
q u i se continuèrent pendant
deux ans, dans les grands centres c omme dans les cam–
pagnes de toute l'Arménie t u r qu e . Les villes le plus éprou-
Fonds A.R.A.M