Devant les invasions des Turcs Seldjoukides, les gran–
des familles féodales de la Grande Arménie émigrèrent
vers le sud-ouest, Taurus et Amanus, où régnaient les
basileis
byzantins. Cette émigration était encouragée par
les empereurs de Byzance, qu i leur accordaient des fiefs,
pour défendre les places fortes du Taurus. Quand ces sei–
gneurs féodaux arméniens arrivèrent en Cilicie, ils y trou–
vèrent u n pays habité en grande partie par des Armé–
niens. Aussi furent-ils reçus à bras ouverts, aussi bien
par le peuple que par les chefs de forteresses, dont la p l u –
part étaient Arméniens.
Parmi les nouveaux arrivants, le prince Ruben (Rou-
pen), parent du dernier r o i bagratide d'Ani, Gagik I I ,
échappé au guet-apens grec où périt ce dernier r o i , à
Sibistra
(1079),
s'établit à l'endroit appelé Bardserpert
«
forteresse élevée », sur u n affluent du D j i h o un , à une
trentaine de kilomètres de Sis. Ce Ruben, ou Rouben, ou
Roupen, est considéré comme le fondateur de l'indépen–
dance arménienne en Arméno-Gilicie.
De son nom furent nommés Rubénides ou Roupéniens
les nouveaux potentats qu i gouvernèrent l'Arméno^Cilicie,
d'abord comme
barons,
1080-1196,
puis comme
rois,
1196
jusqu'à la chute de cet unique royaume chrétien de l'Asie
antérieure, en
1375.
I l convient de relever que les Arméniens de Cilicie f u –
rent les seuls chrétiens qu i fournirent une aide efficace
aux Croisés, lorsque ceux-ci se furent engagés dans les
gorges inextricables du Taurus et de l'Amanus, poursui–
vant leur route vers la Syrie. A plus d'une reprise, les
Croisés durent leur salut aux Arméniens, alors qu'ils
étaient sans cesse harcelés par les Byzantins, par les
Seldjoukides et par les Arabes. Les Arméniens leur
fournirent des hommes, des guides, des mun i t i on s et
des armes.
Leurs services furent si appréciés que les papes expri-
Fonds A.R.A.M