I I . — L E K H A L I F A T
Le plus puissant de ces ressorts est le sentiment
islamique. Le Turc est un musulman sans fana–
tisme. Mais i l a pour sujets des Croyants d'une tout
autre sorte et, titulaire du Khalifat, i l est à leurs
yeux moins le propriétaire que le régisseur et le
fidéicommissaire d'un empire musulman qui, créé
pour le service de la foi, doit vivre suivant les pré–
ceptes de la loi religieuse,
Chéri,
telle que l'inter–
prète et la simplifie le sentiment confus de cette
Eglise anarchique.
A la différence de telle autre religion monothéiste,
que les mêmes Sémites levantins fournirent au
monde et que la pensée occidentale pourvut d'une
Église organisée à la grecque ou à la romaine,
l'Islam n'a jamais obéi à une hiérarchie de prêtres-
docteurs, gardiens et porte-parole de la Lo i ; i l est
resté une religion de nomades et de caravaniers,
qui jamais ne s'encombra de discipline rigide ni de
bagages pesants : une affirmation dogmatique, aussi
concise et aussi claire qu'une affirmation cartésienne,
Allah est Dieu et Mahomet est son prophète,
quelques
LA MORT DE STAMBOUL.
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Fonds A.R.A.M