L A C R È T E E T L E K H A L I F A T
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ni turque, i l vaudrait mieux pour nous que la Crète
restât crétoise. Mais nous reconnaissons volontiers
qu'elle ne peut cesser d'être crétoise que pour
devenir grecque : jamais notre peuple n'accepterait
la remise sous le Croissant de chrétiens affranchis,
et jamais nos parlementaires, la remise d'un peuple
libre sous le j oug de l'absolutisme... Car une Tur–
quie constitutionnelle, nous savons ce qu'en valent
nos anciens espoirs. » Sir Edward Grey dira encore
aux Communes le 15 j u i n 1910 :
La politique du gouvernement britannique, comme celle
des autres puissances protectrices, consiste à maintenir la
suzeraineté du Sultan, à protéger les habitants mahométans,
à favoriser le bon gouvernement de l'Ile sous un régime
autonome.
Ainsi les désirs de l'Angleterre et ceux de la Jeune
Turquie se trouvaient d'accord en faveur de l'auto–
nomie indéfiniment prolongée, et cette adhésion de
la « Mère des Parlements » donnait aux Jeunes-Turcs
une pleine confiance en la légitimité de leurs récla–
mations : après la révolution du Treize Av r i l , i l
leur semblait impossible de céder; cette crise leur
avait mis à nu les pièces-maîtresses de leur ma–
chine ottomane; ils avaient pu voir que, vieille ou
jeune, l'éternelle Turquie continuait d'obéir aux
deux ou trois ressorts qui toujours en avaient
déterminé la marche cahotante.
Fonds A.R.A.M