L A C R È T E ET L E K H A L I F A T
I . - L A C R È T E
Depuis quatre-vingts ans, la Crète était un p e r p é –
tuel remords, un embarras toujours présent dans la
vie de l'État et du peuple grecs. A peine constituée
ei> royaume (1829), la Grèce avait profondément senti
la gêne que l u i causait l'absence des Cretois au foyer
délivré. 11 était d'une injustice trop criante que ceux-
là ne fussent pas admis aux bénéfices de l'indépen–
dance, qui en avaient été les ouvriers les plus éner–
giques
La première révolte des Cretois en 1770 avait
décidé du sort de l'hellénisme. Après trois siècles de
servitude turque, tout le pays grec d'Europe et
d'Asie, du Continent et des Iles, s'en allait à la rési–
gnation suprême, à la défection vers l'Islam. I l deve–
nait presque impossible de demeurer chrétien en cet
empire du Sultan-Khalife. La règle du Sultan, de
l'empereur turc, était fort dure, et coûteuses les
1.
J'ai exposé le détail de cette hisloire et de ces affaires Cretoises
dans mon livre
Les Affaires de Crète,
Paris, Armand Colin, 1898.
Fonds A.R.A.M