L ' U N I O N B A L K A N I Q U E
Au début de novembre 1912, le stationnaire alle–
mand
Loreley
ramenait à Gonstantinople Abd-ul-
Hamid, le sultan déchu. I l était interné depuis trois
ans et demi dans le faubourg de Salonique (mai 1909-
novembre 1912) : sans ignorer absolument les nou–
velles de la Turquie et du monde, i l n'en avait eu
que des échos lointains. I l apprit par le détail
l'extraordinaire revirement de la fortune balka–
nique,'-^ ruée des Bulgares vers Kirk-Kilissi et
Loulé-Bourgas, la chevauchée des Serbes en Haute
Macôdoin'e, l'avancée des Grecs vers Salonique, d'où
leur approche était venue le délivrer; les soldats
turcs sans pain ni cartouches ; les gargousses vides
et les obus en bois; la vénalité des uns, l'impéritie
des autres, les intrigues de tous et, seules debout
dans la catastrophe, l'endurance de l'armée et la
résignation du peuple.
Rien dans le malheur turc ne sembla le sur–
prendre : du moins, semblait-il ne s'étonner de rien;
Fonds A.R.A.M