L A CRÈTE ET L E K H A L I F A T
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Sude à l'escadre ottomane pour un é t a b l i s s e m e n t perma–
nent et une station navale...
C'est une provocation directe aux Cretois : on leur
propose de revenir de vingt ans en arrière. S'ils
répondaient par des persécutions contre les musul–
mans de l'île, qui donc aurait le droit de s'en
étonner? Tout au contraire, le gouvernement provi–
soire rappelle à son peuple et le peuple respecte
scrupuleusement les conditions qu'a mises l'Europe
à la libération définitive : la première est la sécurité
de l'islam crétois.
I l y a des assassinats dans l'île, puisque les Crétois,
sans distinction de religion, se poignardent volon–
tiers. I l y a des rixes etd'interminables procès, puisque
disait déjà Polybe — c'est la coutume en Crète,
6'
îtsp eOoç sert Kg-r^'v.
Les Jeunes-Turcs prennent occa–
sion d'une rixe où deux musulmans ont succombé
pour formuler de nouvelles exigences ; en ce mois de
septembre 1909, ils sont en intimité avec Pé t c r s bou r g :
de la mission turque qui va saluer le Tsar à Livadia
M. Isvolski essaie d'obtenir la liberté des Détroits.
Une nouvelle note de la Porte propose à l'Europe
que la Crète forme une province autonome payant tribut
à l'Empire ottoman et soit placée sous la s o u v e r a i n e t é i mm é –
diate du Sultan;
que la baie de la Sude demeure une station navale pour
la Turquie ;
1.
Constantinople, le 11 octobre 1909.
Le
Tanine
apprend, au
sujet de l'entrevue de Livadia, que dans la question Cretoise la
Russie est évidemment résolue à ne pas aggraver la situation de
la famille royale de Grèce, mais d'éviter toutefois de porter pré–
judice aux intérêts de la Turquie. La Russie est, pour cette
raison, disposée à traîner la question crétoise en longueur. La
Fonds A.R.A.M