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LA MORT DE STAMBOUL
massacres arméniens de 1896, avait été son secré–
taire et son confident de toutes les heures, Izzet-
pacha, organisait au Caire, où i l s'était réfugié, une
propagande et un complot panislamiques pour la
résurrection d'un Khalifat arabe
1
.
1.
Constantinople, le 15 juin 190'J.
Un groupe de Turcs réac–
tionnaires, qui ont dû quitter Constantinople à la suite des der–
niers événements et dont le fameux Izzet-pacha, ex-chambellan
d'Abd-ul-Hamid et organisateur des massacres arméniens, semble
être le principal inspirateur, poursuit dans quelques journaux
égyptiens et en particulier dans le
Moayyad,
sa campagne contre le
régime jeune-turc. Il espère discréditer le gouvernement ottoman
dans les pays arabes en attirant l'attention du monde musulman
sur la diminution que font subir au Khalifat les institutions cons–
titutionnelles. Le
Moayyad
en particulier oppose au Khalifat de
naguère, — pouvoir spirituel exercé en pleine liberté par un chef
temporel absolu, — le Khalifat d'aujourd'hui, dont le prestige serait
gravement compromis entre les mains d'un Sultan étroitement
limité dans sa souveraineté temporelle.
Cette propagande panislamiste paraît d'autant plus dangereuse
au parti jeune-turc que l'influence de la presse égyptienne, rédigée
en arabe, s'étend sur tout le monde musulman, du Maroc aux
Indes néerlandaises. Aussi le député de Bagdad, Ismaïl-Hakki,
montre-t-il dans le
Tartine
la nécessité de déjouer ces intrigues en
créant à Conslantinople une presse arabe capable de leur faire
échec : les oulémas devraient prendre la tète de ce mouvement et
montrer au monde de l'Islam qu'il n'existe au point de vue théo–
logique aucune raison pour contester le Khalifat à Mehmed V ;
les plus notables d'entre eux se sont d'ailleurs déjà prononcés
de la façon la plus nette à ce sujet.
Fonds A.R.A.M