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L A MORT DE STAMBOUL
nombre équilable de sièges à ses chrétiens et à ses
musulmans, à ses exarchistes et à ses patriarchistes,
à ses Arméniens, Arabes et Syriens, à tous ses
sujets, et l'on s'était mis d'accord pour faire sortir
des urnes les noms qui plaisaient aux nationalités
différentes. Mais le pacte n'avait pas été respecté ;
les résultats des premières élections, du moins, n'y
avaient pas répondu : à Srnyrne, l'hellénisme avait
voté pour ses candidats, laissant aux musulmans et
aux autres le soin de voter pour les leurs; la paresse
musulmane ou les conseils des Vieux-Turcs ayant
fait l'abstention, les seuls délégués grecs avaient été
élus au premier tour; Smyrne était, en quelque
façon, proclamée cité grecque devant l'Islam et
devant l'Europe.
Pour éviter de pareils résultats
1
dans les autres
villes côtiôres d'Europe et d'Asie, à Constantinople
même, les Jeunes-Turcs étaient intervenus avec
vigueur, et les élections avaient été surveillées avec
une partialité qui, souvent, tournait à la violation
des urnes, à la bastonnade des électeurs, à la pro–
clamation des seuls élus du Comité
Union et Progrès.
Durant la dernière quinzaine de novembre 1908, la
campagne électorale était devenue guerre ouverte
2
,
1.
Constantinople, le 18 novembre.
—
Deux députés grecs ont été
élus à Metelin. Un député grec a été élu à Lemnos. A Smyrne,
deux Grecs sont compris dans la liste patronnée par le Comité
jeune-turc. Les succès de l'élément grec en Macédoine s'an–
noncent aussi comme 1res importants. Les compétitions et autres
diflicultés entre Grecs et Ottomans sont signalées en de nombreux
endroits de Macédoine. Les Grecs se plaignent de l'annulation
d'opérations électorales où leurs candidats l'ont emporté sur
leurs concurrents turcs.
2.
Constantinople, le 21 novembre.
—
Ce matin, des désordres ont
eu lieu à Péra à cause des élections. Des groupes grecs par-
Fonds A.R.A.M