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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
son
Bérat
en qualité de patriarche des Arméniens catho–
liques, la Porte a confirmé son choix dans des conditions
normales et au même titre que celui des chefs spirituels
des autres communautés. Or, postérieurement à son intro–
nisation, la bulle
Rêversurus
a fait dépendre la nomination
des évêques catholiques de la volonté du Pape en soumet–
tant à la juridiction de. Sa Sainteté tous les biens relevant
du Siège patriarcal. Le gouvernement ne saurait admettre
une ingérence contre laquelle ont d'ailleurs protesté non-
seulement les Arméniens dissidents, mais encore les Maro–
nites, les Chaldéens, les Melchites et les Syriaques. »
Ali-pacha ajoutait à ces raisons un argument que les
catholiques devaient trouver d'un goût douteux et qui eut
un grand succès dans certains cercles du monde diploma–
tique. « Un concile général, dit-il, réuni pour décréter
l'introduction d'un nouveau dogme, trouve dans les rangs
de ceux qui rejettent ce dogme, les prélats les plus émi-
nents de la France et de la chrétienté. L'Italie, puissance
catholique, s'empare des États pontificaux; l'Autriche dé–
nonce son concordat et l'Espagne sécularise les biens du
clergé. Il serait bizarre que nous mahométans nous fussions
seuls à subir l'immixion abusive d'un pouvoir qui est battu
en brèche par ceux-là mêmes dont il représente la foi. »
Le retrait du
Bérat
délivré à Mgr Hassoun eut pour con–
séquence la nomination d'un patriarche dissident élu sui–
vant les anciennes traditions. Toutes les voix se portèrent
sur Mgr Kupelian, archevêque de Diarbekir, prélat d'un
âge avancé qui semblait ne devoir suivre d'autre direction
que celle des notables de la communauté. Il fut intronisé
sous le titre de Pierre IX, le même que celui de Mgr Has–
soun, afin de bien marquer qu'aux yeux de ses suffra-
Fonds A.R.A.M