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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
instances furent écoutées et un ordre viziriel autorisa les
protestataires à conserver les anciens usages de leur église.
Plus tard, en 1870, ils obtinrent même le droit d'avoir une
chancellerie civile indépendante de celle de leurs coreli–
gionnaires qualifiés par eux d'uitramontains et de hassou-
nistes.
La scission était consommée et l'on put croire qu'elle
était définitive quand on vit Mgr Hassoun s'établir comme
patriarche à Constantinople après y avoir reçu le
pallium.
D'ailleurs le dogme de l'infaillibilité allait être proclamé
au concile du Vatican et il était naturel de supposer que
les privilèges orientaux étaient peu d'accord avec l'esprit
autoritaire que dénotait la doctrine nouvelle. Onvoulait à
Rome que les arméniens devinssent latins et cela malgré
la bulle de Benoît XIV du 26 juillet 1755 qui avait dé–
claré que les rites de ce peuple pouvaient se concilier avec
la foi catholique et devaient être respectés.
A part cette contradiction, Ton semblait ne pas se dou–
ter dans les conseils de la papaulé que l'on commettait une
usurpation flagrante des prérogatives des Sultans qui
avaient toujours revendiqué le droit de surveiller les élec–
tions des patriarches et des prélats, ceux-ci n'étant pas
seulement des chefs religieux, mais exerçant aussi une
juridiction civile sur leur communauté en vertu des con–
cessions faites par Mahomet II en 1453.
En avril 1870 le délégué apostolique Mgr Pluym pro–
nonça l'interdiction des prêtres arméniens dissidents. La
guerre était ainsi franchement déclarée et l'on devait s'at–
tendre à voir le parti mis à l'index faire cause commune avec
les arméniens-grégoriens qui lui avaient déjà offert l'usage
de leurs églises et de leur chancellerie. Un schisme était
Fonds A.R.A.M