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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
dépendant également de Matchin, me disait: « Nos épargnes
nous les gardons quand elles sont ignorées de la police ; il
n'y a point de tracasseries auxquelles nous ne soyons en
butte, quand on nous suppose un certain pécule ; le plus
pauvre, comme le plus riche, enfouit son argent.., Gospo-
dar,
nous sommes comme l'herbe qui pousse sous lapierre...
Si nous nous avisions un beau matin de sonner l'office,
toute la population turque se soulèverait et
nous serions
obligés de nous cacher comme des souris dans leurs trous. »
Ces citations authentiques ne révèlent-elles pas aussi
bien que l'enquête la plus libre et la plus désintéressée,
l'état précaire du paysan, l'exploitation réglée du chrétien,
le mépris que lui témoigne l'autorité, son infériorité sociale
et religieuse ? Je veux bien admettre qu'en 1875, le Bul–
gare professait plus ouvertement son culte, qu'il n'était
plus dépouillé de son bien et privé de sa liberté, aussi arbi–
trairement qu'autrefois et que même on lui épargnait les
qualifications blessantes qu'autorisait précédemment le pro–
tocole administratif. Mais il n'était encore que trop fré–
quemment victime d'avanies dont les musulmans étaient
affranchis et sa fortune, comme sa sécurité, n'avait pas de
meilleures garanties que l'honnêteté personnelle des pachas.
C'est assez dire que l'une et l'autre n'étaient que trop sou–
vent compromises.
Il faut bien que le sort du Bulgare ait été peu enviable
pour que les populations du centre balkanique aient cher–
ché maintes fois à le changer, elles dont la tolérance était
devenue proverbiale parmi les chrétiens ottomans. Durant
de longues années la Bulgarie eut ses brigands patriotes
comme la Servie ses Haiduks. Lors de l'insurrection hel–
lénique, une organisation régulière permit à ces Klephtes
Fonds A.R.A.M