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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
gieux de 1860 à 1870, ne fait que laisser pressentir le
rôle politique que les circonstances lui ont atttribué.
Je dois donc compléter ici par quelques données histo–
riques l'étude qui a mis en scène les Bulgares aux prises
avec le clergé phanariote.
Les Bulgares, à part quelques enclaves disséminées au
sud et au nord des Balkans, forment une masse homogène
d'environ 4,500,000 âmes qui, circonscrite par le Danube,
le Timok, la Morava, le haut Vardar, le lac Okrida, Salo-
nique, Bourgas et Roustchouk, occupe près de la moitié de
la Turquie d'Europe. Ils subissent la domination des
Osmanlis depuis lafindu XIY
e
siècle (1390).
L'on remarque que le sentiment de la patrie est resté
très vivace dans le cœur de ce peuple pacifique et cela
malgré les répartitions administratives et les émigrations
qui l'ont matériellement morcelé ; si soumis qu'il se soit
montré à la dure loi du Croissant, il n'a cessé de représenter
moralement l'unité nationale qui a donné naissance aux
trois royaumes des VII
e
,
X
e
et XII
e
siècles et dont la
poésie dans ses naïves images a conservé le souvenir.
Eloigné de son pays, le Bulgare lui garde le même attache–
ment que les Grecs, même lorsqu'il s'est placé sous une
protection étrangère. Cette observation n'est pas sans por–
tée. La Bussie n'a pu retenir, malgré les plus séduisantes
promesses, les colons de la presqu'île balkanique qu'elle
avait entraînés sur le Dnieper en 1829 et en Crimée en
1858 :
ils étaient des milliers et tous ceux que la maladie
avaient épargnés, ont réapparu en masses dans les cam–
pagnes danubiennes.
Il ne faudrait pas en conclure que les Bulgares se soient
accommodés du régime turc au point d'être, comme on a osé
Fonds A.R.A.M