LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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avaient consenties. Disposer des
Vakoufs,
ne serait-ce point
aussi porter atteinte aux prescriptions religieuses ou du
moins froisser la conscience musulmane? Une loi, il est
vrai, celle de 1867 (1), avait déjà moditié le système rela-
if à l'usage de cette catégorie de biens, en en rendant la
transmission possible jusqu'aux collatéraux du 7
e
degré;
mais cette disposition presque dérisoire qui remplaçait la
dîme par un impôt de 15 0/0, laissait aux parties la faculté
de ne s'y point soumettre.
Quoi qu'il en soit, en 1873, le Divan prononça le grand
mot de sécularisation des
Vakoufs
qui avait déjà figuré dans
maints projets sans qu'un décret impérial s'en fût suivi.
Cette fois la sanction souveraine Térigeait en loi ; mais
était-on en mesure d'exécuter ce qu'on avait résolu? Une
entreprise pareille exigeait du temps et surtout des ressour–
ces financières qui manquaient absolument. Conçue dans
le but d'augmenter les revenus du Trésor, elle nécessitait
des sacrifices momentanés auxquels on n'était pas prêt,
cercle vicieux qui d'ailleurs arrêtait la réforme dans plus
d'une branche de l'administration publique.
Le gouvernement d'alors, au milieu des embarras que
lui créaient et la situation économique de l'Empire et l'a–
narchie régnant dans plusieurs provinces et les échecs
successifs de sa diplomatie sous le ministère de Reschid-
pacha (2), enfin les agissements de la
Jeune Turquie
plus
âpre que jamais dans sa lutte contre l'influence européenne,
le gouvernement semblait avoir perdu dans son découra–
gement le sentiment de sa responsabilité. Sans énergie,
(1)
I, 209.
(2)
Notamment dans l'affaire des troubles de Gradiska.
Fonds A.R.A.M