LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
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grand vizirat. Réunis pour la seconde fois, ces deux servi–
teurs éprouvés se complétaient l'un l'autre. I l y avait bien
des lacunes dans leur caractère et dans leur intelligence ;
mais ils représentaient réellement alors tout ce que la Tur–
quie pouvait opposer de vitalité et de résistance à l'esprit
subversif de l'une des époques les plus agitées de l'his–
toire contemporaine. Les idées d'amélioration progressive
et de civilisation s'appelaient du nom de Reschid-pacha ;
Riza personnifiait plus particulièrement la nationalité tur–
que; c'était bien lui qui, aux jours de danger, pourrait ra–
viver le sentiment de l'indépendance ottomane et mettre en
action les forces latentes du patriotisme dont l'appui serait
indispensable à l'armée régulière. L'un avait l'estime de
l'Europe, l'autre la confiance des populations musulmanes.
Jamais en effet, l'unité d'action ne fut plus nécessaire au
pouvoir dirigeant. La Russie s'autorisant des troubles va-
laques, .avait envahi les principautés et semblait vouloir
pousser au démembrement de l'Empire. L'on craignait
aussi que l'Autriche ne recherchât sur la rive droite du
Danube une compensation à la perte de l'Italie et de la
couronne impériale d'Allemagne. L'idée
slave
s'était pro–
pagée entre la Saxe et l'Adriatique, et les populations de
ces contrées, travaillées en sens contraires par les Serbes,
par les Russes, par les Autrichiens et par les Polonais,
donnaient des signes de plus en plus apparents d'efferves–
cence et de révolte prochaine.
L'on songea donc à l'armement du pays, puis aux ré–
formes que commandait l'état inquiétant de la Rosnie.
Ces deux points méritent d'être traités séparément et
avec quelques détails.
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A N K A R A
Fonds A.R.A.M