CHAPITRE XI .
Ministère de Riza-pacha. —Détente dans la situation
de l'Empire. — Confirmation de l a Charte de Gui-
khanc.
Après l'éloignement de Reschid-pacha en 1841, l'on
crut, comme je l'ai rapporté, à un revirement dans la poli–
tique intérieure de la Turquie, sans que cependant la con–
duite de l'administration nouvelle fut ostensiblement réac–
tionnaire. L'on n'était point édifié sur les véritables in–
tentions de Riza-pacha, le personnage le plus en évidence
à cette époque ; à l'écouter, il n'était ni réformiste ni rétro–
grade, et telle paraissait être la disposition du jeune Sultan
dont le caractère indécis prêtait à toutes les suppositions.
Quoi qu'il en soit, i l y eut en 1842 une détente passa–
gère dans la situation de l'Empire. On était à la modéra–
tion et le pays jouissait d'un calme relatif dont i l avait
perdu l'habitude. L'on restait, malgré tout, sous l'influence
des idées de progrès et le progrès si ralenti qu'il fût, s'ac–
cusait de diverses parts comme un mouvement affaibli,
mais continu. I l semblait (était-ce une illusion?) que la
corruption et l'intrigue eussent moins de part aux affaires
qu'autrefois. L'ordre avait presque reparu dans les
finances; la nouvelle assiette de l'impôt s'était assez facile–
ment établie dans les provinces ; l'argent rentrait et, phé–
nomène surprenant, le papier était au pair.
Il y avait d'autre part amélioration sensible dans l'état
de l'armée, ce que démontrait aux plus sceptiques l'envoi
aux frontières d'Asie, en moins de trois mois, d'un corps
Fonds A.R.A.M