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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
qu'il y avait lieu de prêter à la Turquie un appui efficace
contre les dangers extérieurs et qu'ainsi qu'ils l'avaient dé–
claré peu après l'avènement d'Abdul Medjid, ils entendaient
lui assurer les garanties d'une intervention collective (1).
Je n'ai point à rappeler ici les circonstances qui déter–
minèrent le gouvernement français à s'isoler momentané–
ment du concert des puissances résolues à obtenir la sou–
mission du vice-roi d'Egypte par des moyens coercitifs.
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suffira de noter que le traité de Londres du '15 juillet
1840
et la défaite de Mehemet-Ali qui s'ensuivit, ne furent
pas sans influence sur l'œuvre réformatrice entreprise ipar
Reschid-pacha.
Dans plus d'une région de l'Empire, le peuple musul–
man parut voir de mauvais œil l'alliance de la Porte avec
les Liais chrétiens qui en voulaient à la domination du pa–
cha d'Egypte. « Le Sultan, disait-on, se fait
Franc
et
Mehemet-Ali reste musulman. »
Dans plus d'une province, les levées de troupes desti-*
nées à combattre le Vice-Roi avaient donné lieu à de
graves désordres et il n'est pas douteux que la coalition
dirigée contre celui que l'on qualifiait de glorieux repré–
sentant do l'Islam, commençait à impressionner le vieil es–
prit turc et à le pousser à la réaction. En Albanie, à Aï-
din et ailleurs,' l'on représentait le Sultan comme un mu–
sulman d'une foi douteuse et même comme un parjure
au Coran. Ses ministres, surtout Reschid-pacha, étaient
des giaours vendus aux infidèles ; ils trompaient leur
maître et avilissaient la nation. Dans ces centres fanatiques
les rayas se voyaient à leur tour en présence d'une conju-
(
i) Note identique du
27
juillet 1839.
Fonds A.R.A.M