CHAPITRE V.
Entrée de Reschid-pacha aux. affaires.—Ses mesures
contre les abus de l'administration. — Ses projets.
Traités de commerce, etc. — Mort de Mahmoud ;
son œuvre.
Le peuple ne se montrait pas moins abattu que le chef
de l'État; i l était inerte. Un ministre entreprenant pouvait
tirer parti de cette défaillance ou plutôt de cet accablement
public qui laissait le champ libre aux innovations.
C'est ce que tenta de faire Reschid-pacha qui venait
d'entrer dans le Conseil. Le jeune ministre en qui devait se
personnifierle
Tanzimât
dans sa première phase, avait pleine
conscience des périls qui menaçaient l'Empire; il comprenait
surtout qu'^
y avait urgence à rassurer l'Europe et à ga–
gner sa confiance.
Aussi commença-t-il par s'attaquer
résolument aux abus les plus invétérés de l'administration
et notamment à la vénalité des fonctionnaires. Un Hatti
Chérif fut publié par ses soins pour réprimer les actes de
concussion plus ou moins consacrés par l'usage ; c'était
une première plaie à guérir. L'on n'ignore pas qu'en Tur–
quie tout service rendu appelle sa récompense et l'on est
honnête, quand on ne fait qu'accepter une rémunération
volontaire oumêmequand onn'exige cette rémunération que
pour prix d'une faveur. L'exaction ne commence que lors–
que l'on s'empare directement des deniers de l'État ou que
l'on consent à se laisser payer pour couvrir ou pour commet–
tre un méfait. Des pratiques de cette nature étaient fort
ordinaires au temps du Hatti Chérif qui avait pour but de
Fonds A.R.A.M