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LA TURQUIE ET LE TANZIMAT.
tolie : de simples Musselims (1) remplaçaient les gouver–
neurs généraux et le trésor des fermes percevait directe–
ment les revenus de cette région asiatique.
Mais du moins l'armée, cet intérêt majeur auquel le
vainqueur des Janissaires avait pour ainsi dire voué son
règne, l'armée justifiait-elle par ses progrès les espérances
des patriotes qui en 1826 avaient cru voir en elle l'image
de l'État régénéré ?
L'on pouvait à peine s'abuser sur ce point après la cam–
pagne de 1829. Des bataillons vêtus et disciplinés à l'euro–
péenne avaient sans doute été formés ; mais de véritables
institutions militaires, il n'en existait pas. Tout service
administratif faisait absolument défaut par la raison très-
simple qu'une intendance sévère et bien organisée eût mis
fin aux dilapidations ordinaires des chefs de corps. Des
observateurs compétents allaient même jusqu'à prétendre
que quelques mois après la disparition des Janissaires, les
ressources défensives de la Turquie étaient supérieures à
celles qu'offrait l'armée en 1830. « Si alors, disaient-ils,
les forces mobiles ne représentaient qu'un modeste effectif,
l'esprit des troupes était meilleur et le gouvernement,
étonné d'avoir à se soutenir sans le concours de la milice
sacrée, s'était du moins engagé dans une nouvelle voie et,
quelle que fut son inexpérience, i l entendait y réussir.
Aujourd'hui ce gouvernement est découragé, et son chef
lui-même, accablé sous le poids de ses revers, semble avoir
abandonné le
Nizam-Djehid. »
Or ce que Mahmoud n'avait pour ainsi dire qu'ébauché,
l'œuvre dont i l n'avait posé que les premières assises, un
(
I) Agents provisoires ou lieutenants.
Fonds A.R.A.M