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LA TURQUIE ET LETANZIMAT.
pation du trésor public a cessé et à partir de ce jour, la
funeste pratique de la confiscation est abolie aussi bien pour
les musulmans que pour les Rayas; la totalité de leurs suc–
cessions sera partagée entre leurs orphelins et héritiers. »
Plusieurs historiens, en rappelant cette louable ordon–
nance, exaltent la magnanimité du souverain qui a sponta–
nément renoncé à une prérogative barbare légitimée par
les mœurs nationales et exercée jusqu'alors sans conteste ;
mais ils négligent d'ajouter ou plutôt ils ont ignoré que
quinze jours après la publication de l'édifiante loi, Mahmoud
confisquait les biens du banquier juif Tchaptchi et qu'un
an plus tard, i l s'emparait de toute la fortune de l'ancien
Reis-Effendi Saida.
Ces contradictions, l'arbitraire quelque peu puéril d'une
autorité souvent brutale dont aucun bienfait sérieux n'allé–
geait le poids, portaient leurs fruits. Un invincible décou–
ragement se manifestait dans les masses comme dans les
hautes classes de la société musulmane. I l y avait désap–
pointement chez ceux auxquels Mahmoud était apparu
comme la glorieuse personnification du génie ottoman ;
l'amertume avait gagné ceux dont les habitudes étaient
troublées et les intérêts compromis. Ces dispositions en
s'aggravant, se traduisirent en fait. Un incendie détruisit
les quartiers les plus commerçants et les plus riches de
Constantinople. « Le Sultan voulait une place d'exercice,
disait un individu que l'on venait d'incarcérer, nous lui en
avons donné une qui tient la moitié de la ville. »
Cette catastrophe impressionna vivement Mahmoud, sans
toutefois abattre son énergie. L'on rapporte même qu'à
quelque temps de là, lorsque le Mufti vint lui présenter au
nom des Ulémas un cahier de remontrances dans lequel i l
Fonds A.R.A.M