tion, qui arrivera tôt ou tard, grâce à notre grande amie, nous disons :
la Russie.
«
L'argent est le nerf de la guerre ». Cette parole de Napoléon I
er
restera toujours une vérité éternelle dans l'histoire des peuples. La
méconnaissance de cette lumineuse réalité a marqué le commencement
de la perte de notre cause. Le premier souci de la Délégation armé–
nienne devait être la création d'une caisse d'indépendance en rapport
avec nos revendications nationales; malheureusement, tout effort était
négligé sous ce rapport, à tel point qu'à l'Armistice, d'après l'aveu
même recueilli de la bouche de M. Noradounghian, la caisse de la
Délégation était grevée d'une dette de 100.000 francs, tandis qu'elle
devait contenir au moins cinquante millions.
On croit rêver quand on pense à nos maigres moyens financiers en
comparaison de nos prétentions que nous ne faisions pas mystère
d'afficher publiquement. Les Juifs se sont conduits beaucoup plus
intelligemment que nous, puisque, sans verser une goutte de sang, ils
ont obtenu leur Foyer national en Palestine, grâce à leurs piles de
billets de banque.
Nous estimons que Boghos Pacha était le chef désigné pour réunir
tous les suffrages autour de son nom, mais les piètres conseillers qui
se sont succédé
à
sa Délégation l'ont poussé imprudemment à être le
champion du mandat américain en aliénant d'avance la sympathie de
la France et en rendant possible une entente franco-turque au sujet de
la Ciliciej
Quant'
à
notre politique concernant la Grande-Arménie, elle était
conduite en dépit de tout bon sens. La responsabilité exclusive en
revient
à'
M. Aharonian, qui dictait ses ordres au gouvernement armé–
nien, selcjn l'inspiration du Foreign-Office, qui, tout en faisant marcher
les Arméniens pour le roi de Prusse, au fond, se souciait peu de la
création d'une Arménie indépendante; toute son attention étant rete–
nue par la création d'un Etat kurde
à
cause de l'existence des puits,
de pétrole dans ce pays.
La présence de deux délégations à Paris était une des principales
causes dé l'affaiblissement de notre politique. Ces deux délégations
se sont donné la tâche de se combattre mutuellement en faisant le jeu
de nos adversaires et cela pour une simple question de prestige, au lieu
de présenter un seul front, une seule direction. Même ayant réalisé-
cette unité d'action, nous aurions dû conformer nos aspirations à nos
moyens financiers et
à
nos possibilités militaires, en admettant même
que nous obtenions pleine satisfaction des arbitres de l'univers. L'es–
sentiel n'était pas d'obtenir, mais de pouvoir conserver. Franchement,
étions-nous en état de défendre les immenses territoires sur lesquels
nous avions jeté notre dévolu ? Un enfant de douze ans, au courant
de sa géographie, vous répondrait : Non, non et non ! La preuve, c'estr
qu'aujourd'hui, sans la présence de la Russie à notre frontière, nous.
Fonds A.R.A.M