guerre, ils avaient même touché la moitié de cet emprunt, ce qui leur
permit d'acheter des armes et des munitions en Allemagne et de les
temployer contre la France, leur bienfaitrice, au cours de la Grande
Guerre.
Quand cette délégation arriva à Marseille, au risque d'être mal jugé
par les autorités locales, je fis distribuer sur leur passage vingt mille
exemplaires d'une protestation encadrée de noir, montrant au peuple
français la vraie figure de ces brutes. A la suite de cette manifestation,
les officiers avaient quitté leur uniforme et les pachas leur fameux fez,
par crainte d'une hostilité ouverte de la population marseillaise.
Le consul général de Turquie à Marseille, Hakki-Bey, m'avait
envoyé son vice-consul, M. Marko Cohen, pour me supplier de ne rien
publier contre la Délégation et de vouloir bien faire partie du Comité
de réception organisé sous les auspices de la Chambre de Commerce
:
de Marseille.
Comme j'avais repoussé avec dégoût cette invitation déplacée, i l
faisait une démarche auprès de M . le Préfet des Bouches-du-Rhône,
en vue de mon arrestation. Toutes ces tentatives ne m'avaient pas
empêché de faire distribuer ma protestation.
Il est malheureux d'avouer que quelques notables de la colonie
arménienne avaient eu le cœur d'assister au banquet donné aux Char–
treux, en l'honneur des
eurs frères et ils s'étaient solida–
risés avec le consul de Turquie pour me faire mettre à la raison par
les autorités de la Ville. Depuis cette époque, une hostilité sournoise a
toujours existé contre moi de la part de ces gens qui ne manquaient
aucune occasion de me discréditer auprès du peuple arménien, leur
médiocrité morale et leur manque de prestige ne leur permettant pas
de jouer le même rôle auprès du peuple français.
J'avais fait vœu de défendre les droits du peuple arménien en
France, mais non de servir les intérêts personnels de quelques notables.
Le devoir des richards arméniens de Marseille était de me soutenir
dans mes efforts patriotiques, mais non pas de faire surgir des diffi–
cultés à chacun de mes pas, poussés purement par une mesquine
jalousie tout orientale. Nous suivons, ces messieurs et mo i ^ eux routes
différentes, c'est pourquoi nous ne sommes pas faits pour nous enten–
dre. Ils disent : « Nosrintérêts avant tout ». Moi je leur réponds :
«
Avant tout, le peuple et.la
.
sauvegarde de ses intérêts, notre personne
doit s'effacer devant cette.nécessité supérieure; quand on n'a pas
l'étoffe pour se dévouer au, .bien publie en négligeant ses intérêts per–
sonnels, on doit s'écarter
,
^
-
la niasse et ne pas jouer la comédie du
patriotisme à bon marché. Dans ce cas, ils doivenMgnorer le peuple
comme le peuple les ignore dans leur somptueuse solitude ».
Voici maintenant la proclamation" lancée â l'occasion de l'arrivée en
'
France de la Délégation turque :
;
Fonds A.R.A.M