Loué par ceux-ci, blâmé par ceux-là, me moquant
des sots, bravant les méchants, je me presse de rire
de tout... de peur d'être obligé d'en pleurer.
B
EAUMARCHAIS.
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L'Arménie et la Turquie -
En 1909, le Sultan Rouge venait d'être détrôné, les Jeunes-Turcs
étaient au pouvoir, un vent de fraternité apparente soufflait parmi
toutes les races composant l'Empire Ottoman. Les « hodjas » et les
prêtres arméniens s'embrassaient dans les rues de Constantinople aux
acclamations de la population. La tyrannie hamidéene était définitive–
ment écrasée. La Jeune-Turquie prenait les rênes de l'Etat, promettant
aux différents éléments l'égalité absolue devant la loi. Pendant que
ce grand événement se produisait à Constantinople au milieu d'un
enthousiasme délirant, sur les instructions secrètes du pouvoir central,
les troupes arrosaient de pétrole les quartiers arméniens d'Adana, y
mettaient le feu et fusillaient impitoyablement les rescapés de l'incen–
die. Cette ignoble boucherie coïncidant avec la chute d'Abdul-Hamid,
les Jeunes-Turcs avaient un prétexte facile pour faire tomber la res–
ponsabilité du massacre sur l'ancien régime, mais, au fond, personne
n'était dupe de cette sinistre comédie. Avec le changement de régime
!
a même politique continuait avec plus de ruse et plus d'hypocrisie à
Tégard des populations chrétiennes.
Le dépar t ement d'Adana étant habité en grande partie par des
Arméniens, les Turcs, pour la réalisation de leur projet d'avenir, ont
profité de la confusion du changement de régime pour commettre cet
acte inhunÉtin et barbare. Depuis, ils n'ont laissé échapper aucune
occasion propice pour donner libre cours à leurs desseins criminels;
hommes, femmes et enfants ne trouvaient aucune grâce devant l'appétit
sanguinaire de ces vautours à face humaine, qui avaient la soif du
sang chrétien et surtout du sang arménien.
Le lendemain de l'établissement de leur soi-disant Constitution et
des massacres d'Adana, ils ont eu l'impudence d'envoyer en France
une délégation officielle de 80 membres, quoique secrètement ils eus–
sent déjà partie liée avec l'Allemagne et attendaient la première occa–
sion pour poignarder la France dans le dos. C'est pour l'exécution de
cette sinistre besogne qu'ils venaient préparer le terrain propice à un
emprunt de cinq cents millions. A la veille de la déclaration cl*
Fonds A.R.A.M