AVANT - PROPOS
L'annonce de la publication de
«
L'Eternelle Victime de la Diplo–
matie Européenne »
a donné lieu à une discussion passionnée parmi
quelques gros bijoutiers de la rue Lafayette, à Paris. A peine avais-je
jeté une pierre dans la mare aux grenouilles, aussitôt fêtais devenu
le point de mire des flèches empoisonnées, de Vintimidation, de la
flatterie; rien n'a fait défaut pour me faire fléchir, même une impor–
tante somme m'a été proposée si je consentais à apporter un certain
changement dans le texte de mon ouvrage. J'ai répondu à ces mes–
sieurs que ma conscience n'était pas une marchandise destinée à être,
mise aux enchères.
Quelques personnes soumises aux influences étrangères m'ont écrit
en me reprochant le choix du titre et elles croient, dans leur apparente
naïveté, que l'entière responsabilité de la perte de la cause arménienne
revient exclusivement à la Délégation Arménienne.
Certainement, notre Délégation a sa part de responsabilité dans
notre échec politique, mais la plus grande responsabilité incombe à
la Diplomatie européenne. Je reproche seulement à notre Délégation,
par ses volte-face continuelles, d'avoir donné un semblant de raison
et une apparente justification à la diplomatie des grandes puissances
concernant ta malheureuse Arménie.
Les innombrables lettres de félicitations que j'ai reçues de toutes
les classes de la société arménienne justifient amplement le titre que
j'ai choisi et, ne voulant me perdre dans des commentaires inutiles,
je vais soumettre à l'appréciation de l'opinion publique les faits tels
qu'ils se présentent suivant leur ordre chronologique :
En
1878,
les armées russes victorieuses campaient aux portes de
Constantinople, à San-Stefano. Le grand-duc Nicolas avait établi son
quartier général dans la maison d'un notable Arménien, M. Dadian,
ayant auprès de lui le général fgnatieff, ambassadeur dé Russie à
Constantinople.
A la suite d'une démarche de Mgr Varjabedian, patriarche arménien,
au quartier général russe, l'article 16 a été introduit dans le traité de
San-Stefano qui garantissait la sécurité des Arméniens dans l'empire
ottoman. Dans cette circonstance, M
Ues
Malvino et Fortunée Dadian
ont été d'un concours précieux pour la réussite de cette démarche.
Donc, le traité de San-Stefano a été signé au mois de mars
1878
entre la Russie et la Turquie.
Fonds A.R.A.M