Pourquoi ce livre?
L'histoire mondiale abonde en massacres d'envergure. Mais celui qui fut
perpétré, au cours de la guerre 1914-1918 sur les Arméniens par le gouverne–
ment ottoman alors inféodé au Comité Union et Progrès, a constitué, sans
doute le premier, une entreprise d'extermination minutieusement conçue et
organisée. Sa mise à exécution était assurée suivant des directives détaillées et
des ordres impitoyables en vue de l'anéantissement total de la nation armé–
nienne. Il a fallu, pour qualifier ce forfait, user d'un néologisme, le génocide.
Il est vrai que les Alliés, méconnaissant leurs menaces de sanctions après
la guerre ('), manifestèrent à son égard une entière indifférence. La leçon de
cette impunité ne fut pas perdue pour Hitler ; d'après
Le Times
du 24 novem–
bre 1945, il rassura ses sous-ordres en disant: «Après tout, qui se souvient
encore de l'extermination des Arméniens?» (
2
).
(')
On peut lire dans la déclaration commune faite à Londres le 23 mai 1915 par la France, la
Grande-Bretagne et la Russie :
«
Depuis un mois environ, la population kurde et turque d'Arménie procède de connivence,
et souvent avec l'appui des autorités ottomanes, au massacre des Arméniens...
En présence de ces
nouveaux crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation, les gouvernements alliés font
savoir publiquement à la Sublime Porte qu'ils tiendront pour personnellement responsables des
dits crimes tous les membres du gouvernement ottoman ainsi que ceux de leurs agents qui se trou–
veraient impliqués dans de pareils massacres. »
(
2
)
Cette parole, fort contestée d'Hitler, ainsi que les 5 ou 6 versions de son discours à Ober-
salzberg le 22 août 1939, ne figure pas dans le dossier du Procès de Nuremberg. (Voir à ce sujet :
Vierteljahreshefte fur Zeitgeschichte : «Zur Ansprache Hitlers vor den Fiihrern der Wehrmacht. »
1968,
Heft 2; 1971, Heft 3).
Cependant, elle fut bel et bien prononcée.
Ce jour-là, Hitler parla de midi à 15 h. Son discours fut interrompu par une légère collation.
Lorsqu'il descendit de la tribune, des groupes se formèrent, et c'est au milieu d'une vingtaine de
généraux qu'il prononça ces paroles célèbres révélées au monde par
Le Times
du 24 novembre
1945.
Preuves :
a) Une dépêche en ce sens est adressée au Foreign Office le 25 août 1939 par Sir George
Ogilvie-Forbès de l'ambassade britannique à Berlin. Source: M . Lockner, représentant de ['Asso–
ciated Press, annonce qu'il tient cette information d'un officier d'état-major, qui la tient lui-
même d'un général qui a assisté à la réunion d'Obersalzberg et fut effrayé par les événements.
b) Le 27 août 1939, une dépêche analogue confirme l'information de Lockner. Source: un
officier de l'aviation allemande.
Fonds A.R.A.M