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que s'élevait jadis, sur la plage orientale du Tltospitis, la
capitale des rois de l'Ourartou, là, que sur les rochers les
Argistis et les Sardouris ont gravé les récits de leurs exploits
contre les terribles sujets d'Assour, contre les gens du pays
de Madaï. Les possessions de ces princes s'étendaient alors
depuis les districts du (iheuk-tchaï, au nord, et les montagnes
du Kurdistan, à l'est, jusqu'au Taurus arménien qu'elles dépas–
saient parfois vers le sud. C'étaient des souverains puissants
que ces maîtres de l'Ourartou; ils guerroyaient sans cesse, et
souvent avec succès, contre leurs voisins de l'Orient et du Midi.
Leur pays, d'ailleurs, bien que froid par suite de sa grande alti–
tude, n en fournissait pas moins toutes les ressources néces–
saires à la vie d'un Etat de ces temps. Ses vallées sont fertiles,
ses pâturages plantureux et ses montagnes boisées abondent
en métaux.
Le voyageur qui, franchissant le col de Kèl-i-chin (') par le sen–
tier qui conduit d'Ouchnouw à Revandouz, pénètre dans le Kur–
distan turc, rencontre un pays inculte, mais couvert d'immenses
forêts de chênes à glands doux et favorisé par la nature, alors
que, s'il quitte la Perse par les passes de Khoï, il ne voit que
prairies et cultures abondamment arrosées. C'est que, malgré
l'abandon dans lequel elle se trouve depuis des siècles et
des siècles, en dépit d'une administration déplorable, celte
région est encore l'une des plus fertiles de la Turquie d'Asie,
grâce au labeur des Arméniens qui, depuis leur venue dans
ces pays, se sont efforcés de mettre en valeur les richesses
naturelles du sol. Seuls les nouveaux venus ont lutté pour
l'amélioration de leur patrie, alors que les Kurdes pillards et
les Karthwéliens indolents ne tentaient rien pour accroître la
prospérité de leur domaine, et que les maîtres arabes ou turcs
n'avaient d'autre ambition que celle de vivre du travail de leurs
serfs chrétiens.
Le Lazistan
Au nord-ouest du plateau arménien, la rivière Tcharoukh des
et
les Alpes
Turcs, le Djorokh des Arméniens, forme une séparation pro-
Pontiques.
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pays des Aryens chrétiens et ceux des Lazes mu–
sulmans. Ce cours d'eau, qui prend naissance dans le voisinage
de Baïbourt (
2
),
coule parallèlement à la côte du Pont-Euxin,
franchit les monts Parkhal, le Paryadrès de l'antiquité, près
d'Artvin (
5
)
et vient se jeter à la Mer Noire, quelque peu au
sud-ouest de Batoum, après un parcours de 35o kilomètres
environ. Ce fleuve est un impétueux torrent depuis sa source
jusqu'à son embouchure ; en cent points i l a creusé des
(
i) En kurde : la pierre bleue, ce
(2)
Alt. i.55o mètres,
nom est dù à l'exislence, dans ce col,
(3)
Alt. 64o mètres,
d'une stèle de diorite placée là jadis par
un roi de l'Ourartou.
CHAP.
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Fonds A.R.A.M