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habileté par les indigènes, répand la fertilité au milieu de
cette solitude. Mais, en dehors des champs rendus cultivables
par l'arrosage, on ne voit que terrains caillouteux, brûlés par
le soleil, où croissent seulement quelques maigres plantes épi–
neuses. Quant aux montagnes, elles sont arides, pelées, sou–
vent imprégnées de sel, parfois couvertes d'efflorescences,
toujours bariolées des couleurs les plus vives. Des hauteurs
rouge sang dominent la ville de Tabriz; ailleurs les coteaux
montrent des assises d'argiles grises, blanches, jaunes, violettes,
vertes, entremêlées de bancs de grès ou de calcaire offrant tous
les tons de la palette d'un peintre; puis vers le Sahend on ren–
contre d'épaisses coulées de laves sombres, alors qu'au pied
du volcan sont d'immenses amas de phosphorites jaunâtres
où gisent pêle-mêle les restes de toute une faune disparue (") :
éléphants, rhinocéros, sangliers monstrueux, ancêtres du che–
val, singes, tortues géantes et grands oiseaux gui vivaient en
ces lieux dans les temps tertiaires. Alors que le plateau de
l'Iran ne s'était pas encore soulevé, que ces terres, émergeant
à peine des mers, jouissaient d'un climat semblable à celui qu'on
rencontre aujourd'hui dans les Indes, çà et là, dans ce chaos
désertique du plateau de l'Iran, on rencontre des vallées ver–
doyantes où se dressent de véritables forêts de peupliers, des
tébrizis au tronc blanc, aux branches verticales, serrées, qui,
plantés en abondance, fournissent au pays le seul bois de
construction et de chauffage. Ces arbres légers, élancés, au
feuillage clair, viennent par leurs taches gaies ajouter une note
originale aux tristes paysages de l'Azerbaïdjan.
Sur les hauts sommets, au Sahend et dans la chaîne du
Kurdistan, sont les pâturages d'été des nomades, causes de
perpétuelles querelles, de guerres barbares entre tribus voi–
sines depuis des siècles et des siècles, alors que dans la plaine
c'est au sujet des sources et des ruisseaux que s'élèvent les
contestations entre villages, car, dans ces pays, la possession
du moindre ruisseau est considérée comme étant le bien le
plus précieux ; on emploie jusqu'à la dernière goutte l'eau
qu'il fournit, et les cultivateurs turcs, persans et arméniens
sont passés maîtres dans la science de l'irrigation. Des usages,
aussi vieux que les premiers peuplements de ces régions,
réglementent, i l est vrai, la distribution des eaux, aussi bien
que la répartition des pâturages ; mais le respect de ces cou–
tumes ne repose que sur la force, et le plus souvent la vio–
lence prime le droit.
Les principales villes des Mèdes dans l'Atropatène, Gazaka
et Phraaspa, étaient situées au loin vers le sud, dans les dis-
(
i ) Cf. R. DE MECQUENEM,
Annales de
les vertébrés fossiles du gisement de
l» Délégation scientifique en Perse,
sur
Maragha.
Fonds A.R.A.M