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montagnes du nord; entre autres l'Arpa-tchaï ('), rivière
d'Ani, la-Silav, le Karpi-tchaï ou Abaran-sou, qui arrose
Etchmiadzin, le Zenghi-tchaï, cours d'eau d'Erivan et du lac
Sévanga, et les neiges de l'Ararat, de l'AIagheuz ainsi que de
tous les grands sommets du Caucase arménien donnent nais–
sance à des milliers de sources et de ruisseaux qui entretien–
nent la fraîcheur dans les vallées et les vallons, au cours des
grandes chaleurs de l'été, assurent l'arrosage des vergers et
des champs, et ne rejoignent l'Araxe qu'à l'époque des grandes
pluies du printemps.
Jadis, toutes les montagnes du nord de l'Arménie étaient
couvertes de forêts, aussi bien au nord qu'au sud de l'Araxe ;
mais aujourd'hui l'on ne voit plus, dans ces parages, que de
maigres broussailles, ravagées chaque année par les bergers
qui, dès le printemps venu, abattent les jeunes pousses afin
d'en nourrir leurs troupeaux. Quant aux vallées, toutes sont
d'une extrême fertilité, grâce à l'abondance des eaux et aux
ardeurs du soleil sous cette latitude (
2
).
Dans les vallons, la
végétation est, le plus souvent, en avance sur'celle des envi–
rons immédiats d Erivan, parce que, moins bien garantie
contre la bise, cette large plaine subit des hivers très rigou–
reux. La vigne et les arbres fruitiers y croissent cependant
en abondance, et l'on récolte encore, dans les vignobles du
Masis, de ces excellents vins dont le patriarche Noé avait abusé,
dit-on.
La
plaine
De tout temps, la moyenne vallée de l'Araxe a joué un rôle
d
'
Erivan.
considérable dans la vie nationale des Arméniens. C'est au
pied de l'Ararat, non loin de la rive gauche de l'Araxe, que se
trouve le siège suprême de l'Eglise arménienne à Etchmiadzin ;
c'est dans le voisinage que s'élevaient les capitales antiques,
Armavir et Artaxata, qu'au MoyenAge fut Ani, résidence des
derniers souverains de la Grande Arménie, que les Persans
fortifièrent Erivan, ville chargée de la garde des possessions
du Chahânchah situées au nord de l'Araxe, qui devint russe
en
1828,
et dont aujourd'hui la population est presque entiè–
rement composée d'Arméniens.
L'historien Lazare de Pharbe (') nous a laissé une description
charmante de la province d'Erivan au cinquième siècle de
notre ère et de la vie que menaient les seigneurs arméniens à
cette époque :
...
La magnifique, célèbre et illustre province
d'Ararat
produit toute espèce de plantes ; province fertile cl féconde,
très abondante en choses utiles, et pourvue des ressources
(1)
La rivière de l'Orge.
(3)
Trad. voir
L
ANGLOIS,
But.
Arm.,
(2)
Lat. N .
1)0
°
(
Tarente, Sardaigne,
t. I I , p.
263.
Valence, Lisbonne).
CMAP.
1
Fonds A.R.A.M