IX
vail, heureux de pouvoir encore se rendre utile à la
cause sublime des peuples opprimés. En deux années
d'un ardent labeur, il a réalisé cette œuvre si im–
portante, ce livre d'un si grand intérêt pour un
immense public qui ne sait absolument rien de l'Ar–
ménie. On m'a fait l'honneur très grand de me
demander pour ce travail quelques lignes d'introduc–
tion. Je dois peut-être cette fortune à mes travaux sur
les Croisades et sur l'histoire byzantine, travaux au
cours desquels j'ai eu si souvent à citer les hauts faits
en Orient de l'illustre race arménienne. « C'est la pre–
mière fois, m'écrit Jacques de Morgan, que je ne
rédige pas moi-même la préface d'un de mes livres! »
Je n'en ai pas moins accepté celte tâche flatteuse, tout
en déclarant ma résolution bien arrêtée de n'écrire que
quelques lignes non pour présenter à nouveau au
public mon ami Morgan qu'il connaît déjà si bien,
mais pour tenter d'attirer encore plus, si possible, l'at–
tention de toutes les nations alliées sur le malheureux
peuple d'Arménie et sur l'abominable et séculaire
injustice dont il est la victime.
Je nourris l'espoir que beaucoup de Français,
beaucoup d'alliés liront cet admirable exposé si clair,
si intelligemment présenté de l'histoire d'Arménie,
cette histoire de vaillance, d'énergie et de souffrance,
durant des siècles, à l'ombre des deux Ararat, les
géants de cette contrée. Pour moi, j'estime que de
toutes les diverses périodes où les annales de ce
peuple furent constamment belles et tragiques, il n'en
est aucune offrant un plus vif intérêt que celle qui
concerne la nation arménienne à l'époque des Croi–
sades et l'action si considérable de ses valeureux sou–
verains aux côtés des princes francs de Terre Sainte
PREFACE
Fonds A.R.A.M