VIII
le rôle le plus important dans l'arrière-Orient romain
puis chrétien.
Quelques nobles fils de cette nation, tant et depuis
si longtemps éprouvée, unis à quelques Français
passionnés pour cette belle cause, ont estimé qu'il
était urgent de faire connaître au grand public de
notre pays de France, à nos alliés aussi, en un volume
pratique autant qu'excellent, cette histoire si inconnue.
Ils ont pensé que c'était un des meilleurs moyens
d'intéresser le monde et la France en particulier au
salut de ce peuple si méritant. Ces amis de l'Arménie
ont bien voulu me consulter par l'entremise d'un
d'entre eux parmi les meilleurs, le grand patriote
Archag Tchobanian, pour savoir à qui ils devaient
s'adresser pour mener à bien cette œuvre malaisée.
Un nom s'est imposé de suite à mon esprit : celui de
mon ami Jacques de Morgan, l'explorateur intrépide,
le voyageur érudit et passionné, le grand archéologue
à jamais illustré par les fouilles de Suse et d'Egypte.
Personne ne connaît mieux que lui, personne n'a davan–
tage parcouru les vastes régions avoisinant l'Arménie
et l'Arménie elle-même. Personne n'a étudié plus atten–
tivement les origines mystérieuses et l'histoire de ces
races groupées sur ces beaux territoires au sud du
Caucase. Maintenant sa santé, très ébranlée par tant
d'années de labeur opiniâtre, lui laisse, hélas! de doulou–
reux loisirs. Quand, sur mon avis, mes amis arméniens
allèrent lui proposer d'écrire l'histoire de leur nation,
de condenser ses annales si belles, si ignorées, en un
volume d'un intérêt puissant qui serait répandu à pro–
fusion pour les besoins de cette cause sainte, il accepta
aussitôt malgré ses souffrances, malgré Téloignement
où le retenait la maladie. Il se mit incontinent au tra-
PRÉFACE
Fonds A.R.A.M