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vous fait autant d'honneur à vous-même qu'à la Nation
arménienne pour l'illustration de laquelle il a été écrit et
qu 'il servira si efficacement. Je vous en félicite cordialement
et vous en remercie de tout cœur au nom de tous les
Arméniens».
Toutes ces marques de reconnaissance ne manquent pas
d'émouvoir J. de Morgan qui s'en ouvre à Tchobanian:
«
Vous trouvez tout naturel, cher ami, que les Arméniens
me témoignent de la reconnaissance pour l'amitié que je
leur porte. Ceci est tout à leur éloge ... et au vôtre. Cela
prouve que dans votre nation on a conservé de vieux princi–
pes, bien rares aujourd'hui. Et je suis si accoutumé à l'oubli
et à l'égoïsme que je suis surpris de rencontrer d'aussi
nobles sentiments. Pendant 35 ou 40 ans j'ai inlassablement
travaillé pour faire honneur à la science française. Qui m'en
sait gré? Quelques rares amis. Quant aux autres ils ont pro–
fité le plus possible, quelques-uns ont même fait leur situa–
tion grâce à mes travaux et maintenant qu'ils pensent que je
ne puis plus les servir, ils m'ignorent. A l'un d'eux j'ai
envoyé mon livre avec cette dédicace: "en souvenir de temps
qui ne sont plus"»
(
J. de M. à A. T., 8 avril 1919).
Ces confidences montrent combien J. de Morgan était
désabusé à la fin de ses jours. Pendant ces années entière–
ment consacrées à la cause arménienne, i l connut de gran–
des difficultés mais aussi que de réconforts et d'espoirs!
Isolé, comme exilé, luttant désespérément contre un mal
implacable parmi les affres de la guerre, i l redécouvrit
grâce à ces conversations épistolaires avec Tchobanian, les
plaisirs de l'amitié et retrouva dans le travail une raison de
vivre en se sachant utile:
«
Malade, dans mon fauteuil, désillusionné de bien des
choses de la vie, je ne le suis pas de l'amitié. Toutes mes for–
ces sont à votre disposition — dites et je passerai mes nuits
s'il le faut à écrire des articles, des lettres, à vous aider dans
le formidable effort que vous devez faire en ce moment. Je
veux avant ma mort, voir flotter les couleurs de l'Arménie et
me dire: "j'y ai été un peu, très peu, pour quelque chose". Ce
sera ma grande satisfaction des jours qui me restent»
(
J. de
M. à A. T., 22 octobre 1918).
PRESENTATION
Fonds A.R.A.M