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LE FLEUVE CYDNUS
(
Figure allégorique
d'après une médaille antique.)
vallées vers le midi en font un véritable paradis terrestre. En
Cilicie, tout croît en abondance, comme en Syrie d'ailleurs :
la vigne, l'olivier, le grenadier, l'oranger, se joignent, dans
les vergers, à toutes les variétés de nos arbres fruitiers de l'Eu–
rope. Le cultivateur fait deux récoltes annuelles, et les mon–
tagnes ombragées sur leurs flancs de forêts séculaires, où se
pressent le cèdre et le pin, voient leurs sommets, qui parfois
atteignent et dépassent 4-ooo mètres de
hauteur, couverts de gras herbages. Il fal–
lait vraiment qu'un mauvais génie aban–
donnât ces pays à l'insouciance desTurcs
pour que la mise en valeur de pareilles
richesses fût arrêtée dans son essor.
Pour la première fois, au cours de
leur longue existence nationale, les Ar–
méniens de Cilicie se sont trouvés à même
d'entretenir des relations directes, par
mer, avec les peu–
ples occidentaux et,
si le destin l'avait
permis, ils se seraient développés parallè–
lement aux peuples de l'Europe et dans le
même esprit. Au cours des Croisades, ces
gens, venus d'Orient, évoluèrent rapide–
ment et se séparèrent de ce monde byzan–
tin, qui, pendant tant de siècles, avait
entravé leur progrès et s'était
condamné lui-même à périr,
victime de son obstination dans
ses vieux préjugés.
Mais les Arméniens ne sont pas seuls déten–
teurs des territoires plantureux de la Cilicie. Avant
leur venue, le pays était déjà peuplé, et depuis la
chute de leur royaume, le maître turc a favorisé, dans
cette région, la création de colonies musulmanes. On
rencontre aujourd'hui dans les vallées et dans les
plaines non seulement des Arméniens, mais aussi des Turcs,
des Kurdes émigrés vers le neuvième siècle, des Arabes et, dans
les montagnes, des Turkomans nomades ainsi que des tribus
barbares dont l'origine demeure inconnue; on trouve même
des métis d'Arméniens et de Kurdes, qui, devenus musulmans,
ne quittent jamais les montagnes et les forêts : du fait de ce
mélange de peuplades barbares l'insécurité est grande dans le
Taurus et l'Amanus.
Ainsi les pays habités par la nation arménienne se composent
Le» trois
donc, au point de vue historique, de trois parties distinctes,
L E FLEUVE
ET LA VILLE DE TARSE
(
Figuro allégorique
d'après unn médaille
de l'empereur Commode.)
L E FLEUVE
PYRAMIS
(
Figure allégo–
rique d'après
une médaille
antique.)
Fonds A.R.A.M