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Fidèle à sa coutume, le géographe cappadocieu non seule–
ment décrit l'aspect du pays qui, d'ailleurs, ne s'est pas sensi–
blement modifié au cours des deux derniers millénaires, mais
il expose aussi, en quelques lignes, les progrès réalisés par les
Arméniens, dans leur domaine, depuis l'époque de la soumis–
sion de la Perse aux armées d'Alexandre le Grand, jusqu'au
temps où i l rédigeait son incomparable ouvrage.
Le royaume d'Arménie,
dit-il,
s'accrut surtout par le fait
des conquêtes d'Artaxias et de Zariadras, anciens lieutenants
d'Antiochus le Grand, qui s'étaient vus, après la chute de leur
maître, appelés à régner, l'un sur la Sophène
(
rive orientale de
l'Euphrate),
PAnthisène, iOromandride et les cantons environ–
nants
(
plateau d'Erzeroum),
l'autre sur la province d'Ar-
taxata
(
province d'Erivan)
et qui, ayant su concerter leurs
efforts, enlevèrent successivement auxMèdes la Caspiane
(
plaine
de Moughan et pays de Bakou),
la Phaunitide et la Bassoro-
peda
(
versant septentrional du Petit Caucase),
aux Ibères,
tout ce qui est au pied du Parijadrès
(
Alpes Politiques)
avec
la Chorzène
(
entre les deux branches de l'Euphrate supérieur)
et, de l'autre côté du Cyrus, la Gogarène
(
Gougarq ou Gou-
garkh des Arméniens),
aux Chalybes et aux Mossinœques, la
Carénitide et la Derxène
(
Haut Euphrale occidental),
provinces
aujourd'hui limitrophes de la Petite Arménie, si même elles
n'en font pas partie, aux Cataones, l'Akilisène
(
nord de la
Commagène)
et tout le district de l'Anti-Taurus aux Syriens,
enfin la Taronitide
(
Taron des Arméniens, au sud du lac de
Van),
tous pays dont les habitants, grâce à cette réunion,
parlent aujourd'hui la même langue.
Bien certainement l'époque si glorieuse pour les Arméniens
d'Artaxias et de Zariadrès et celle de Tigranc le Grand sont
celles de la plus grande extension de leur domaine national.
De nombreuses colonies furent fondées dans les vastes États
de ces princes, et ces colonies étaient si importantes, devinrent
si prospères que la langue arménienne fut parlée dans toutes
les provinces énumérées par Strabon. C'est, sans nul doute,
dans ces conquêtes qu'il faut chercher l'origine de la plupart
des centres actuels des Arméniens, car tous ils sont situés
dans les districts cités par le géographe grec, et si, depuis le
premier siècle de notre ère, d'autres colonies se sont établies
dans diverses vallées, ce ne fut jamais, en ce qui concerne la
Grande et la Petite Arménie, que sous l'influence des anciens
foyers.
tes
Ees divisions de l'Arménie ont varié suivant les temps, et
provinces
leurs noms se sont modifiés. Aux appellations gréco-latines
l'Arménie.
o r u
succédé, dans la plupart des provinces, lés noms armé–
niens par lesquels les auteurs indigènes les désignent et, ces
CHAP. I
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