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du reflet des rayons du soleil, fut submergé dans
une mer de sang. Puis, nous prîmes d'autres
armes et nous combattîmes encore des heures
entières.
Mais à quoi bon prolonger ce récit, puisque
la fin de tout cela était ma ruine ? L'impression
du danger que je courais me couvrit le corps
d'une sueur froide, le sommeil s'enfuit loin de
moi, et, depuis ce jour, je compte à peine parmi
les vivants. Que signifie cette effrayante vision,
si ce n'est que la guerre et l'invasion doivent
nous venir de Tigran, le fils de Haïgh ? Après
le secours de nos dieux, quel homme viendra me
donner son appui, ses conseils, sans exiger de
partager le trône avec moi r »
Astyage écouta tous ses conseillers, i l en
reçut plusieurs avis sages et utiles. I l les re–
mercia vivement, puis i l dit encore :
«
J'ai accepté vos sages conseils, ô mes amis !
Je vais vous dire, moi, ce qui, après le secours
de nos dieux, me paraît le plus raisonnable en
cette occurrence. Contre un ennemi, rien ne vaut
la ruse. Cela est même plus avantageux que
d'être averti de ses projets. I l est donc utile de
placer auprès de lui quelqu'un. qui, sous des
semblants d'amitié, lui dressera des embûches.
Ce n'est point avec des paroles, ce n'est point
avec des trésors que nous arriverons à le trom-
Fonds A.R.A.M