revêtue d'une robe pourpre et portant un voile
bleu comme l'azur du ciel. Elle avait des yeux
d'une grande beauté, son teint était vermeil et
sa taille élevée. Elle était dans les douleurs de
l'enfantement. Comme je ne cessais de contem–
pler ce spectacle étrange, je vis cette femme
accoucher soudain de trois héros accomplis pour
la taille et pour la force. Le premier, porté par
un lion, prit son essor vers l'occident; le second,
monté sur un léopard, s'élança vers le nord ; le
troisième, à cheval sur un dragon énorme, vint
fondre, se ruer sur notre empire.
A travers ces images confuses, i l me sem–
blait que je me tenais debout sur la terrasse de
mon palais. Le fond me paraissait remp'li d'une,
quantité de tentes superbes. Nos dieux, à qui je
dois mon sceptre et ma couronne, je les voyais
là enveloppés dans leur majest'
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radieuse, et
nous leur offrions, vous et moi, des sacrifices et
de l'encens. Tout-à-coup je levai les yeux et je
revis le héros qui montait le dragon, prendre sa
volée. I l avait des aîles d aigle. I l s'élançait pour
exterminer nos dieux. C'est alors que moi,
Astyage, me portant devant eux, je soutins le
choc terrible de ce héros merveilleux contre le–
quel je combattis longtemps. D'abord nos lances
nous firent d'horribles blessures, d'où s'échappè–
rent des flots de sang. Le palais, resplendissant
Fonds A.R.A.M