L ' A R M É N I E A L ' É P O Q U E
H E L L É N I S T I Q U E
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(
pays des Cardouques, ancêtres de nos Kur de s ) dans le massif du
Khemsdinan, au sud du Bohtan-sou ; sur
YAdiabène
ou ancienne
Assyrie propre ; sur
YArzanène
ou pays d'Ardzèn, vers le hau t
Tigre ; sur la
Mygdonie
ou pays de Nisibe, et sur
YOsrhoène
ou
pays d'Edesse (Orfa). Conformément à l'organisation féodale
qui était celle de l'Arménie artaxiade comme de l ' I r a n arsacide,
les dynastes ou rois de ces provinces conservèrent leur couronne,
mais comme vassaux du nouveau Grand Ro i . Ou , si l ' o n préfère,
ils transportèrent leur hommage de l'Arsacide à l ' Ar t a x i a d e
devenu, de ce fait, Ro i des Rois. Même le r o i de
YAtropatène
(
Azerbaïdjan, région de Tabriz) f i t à son t o u r hommage à Tigrane
dopt i l devint le gendre. Les armées arméniennes, pénétrant en
plein territoire parthe, poussèrent en Médie j u s qu ' aux portes
d'Ecbatane (Hamadan ) et brûlèrent le palais du satrape arsacide.
Les Parthes, découronnés de leur hégémonie, durent conclure
un traité d'alliance avec leur vainqueur. A u nord Tigrane imposa
de même sa suzeraineté aux Ibères (Géorgiens) et aux Albaniens
(
Chirvan et Qarabagh)
1
.
L'Osrhoène une fois soumise, laCommagène (pays de Samosate)
accepta la suzeraineté de Tigrane
2
:
De là, l a Syrie s'offrit à l u i
«
comme un f r u i t mûr ». Les Séleucides y avaient, par leurs
éternelles luttes de famille, perdu toute autorité et le pays se
débattait dans l'anarchie. U n dernier Séleucide énergique,
Antiochos X I I , a v a i t été vaincu et tué par les Nabatéens, tribus
arabes de l'Arabie Pétrée (84). Les Damasquins, pour t r o uv e r
un protecteur au milieu de cette anarchie, se donnèrent au chef
de ces Nabatéens, Arétas (al-Hârith). U n autre chef arabe,
Sampsikéramos, s'était établi à Emèse (Homs). Suivant le même
exemple, des émirs surgis du désert se taillaient des principautés
dans les villes de l'intérieur, tandis que les cités plus sérieuse–
ment hellénisées comme Antioche et Séleucie se constituaient en
villes libres.
Lassés de cette anarchie, les Syriens — ou t o u t au moins un
fort parti p a rmi eux — firent appel à Tigrane, à q u i ils offrirent
la couronne (environ 84 a v an t J.-C.)
3
.
Les armées arméniennes
pénétrèrent en Syrie. U n passage d'Appien laisse supposer une
certaine résistance de la p a r t des Séleucides
4
.
E n fait, le p r i n –
cipal représentant de cette maison, Philippe, disparut alors de
la scène, sans doute en se réfugiant en Cilicie ( v . 84). I l semble
1-
S T R A B O N , X I , x i v , 1 5 . P L U T A R Q U E ,
Lucullus,
t r a d . P i e r r o n , I I , p . 5 3 1 .
D I O N C A S S I U S , X X X V I , 1 6 . A P P I E N ,
Mithridate,
1 0 6 .
J U S T I N , X L , T . I S I D O R E
DE C H A R A X , ch. V I .
2.
Cf. T h . R E I N A C H ,
Mithridate
Eupator,
p. 3 1 2 .
*
E n 8 4 d'après A P P I E N
(
Syr.,
4 8 ) ,
en 8 6 d'après J U S T I N ( X L , 1 , 4 et X L ,
A
à),
mais c'est sûrement A p p i e n q u i a i c i raison. Cf. B O U C H É - L E C L E R C Q ,
Histoire des Séleucides,
t . I I , p . 6 0 8 .
4-
A P P I E N ,
Syr.,
4 8 , 6 9 .
Cf. B O U C H É - L E C L E R C Q ,
Séleucides,
I , p . 4 3 0 .
Fonds A.R.A.M