L ' A R M É N I E A L ' É P O Q U E
H E L L É N I S T I Q U E
CS;Î
Sicile, Antiochos I V « v a i n q u i t Ar t a x i a s t t le força à exécuter
les conditions imposées »
1
.
D'après App i en , i l aurait même f a i t
Artaxias prisonnier
2
.
E n réalité, i l d u t se contenter de l u i
imposer une indemnité de guerre ou une rançon
3
.
Comme
l'œuvre de restauration hellénique d'Antiochos I V se solda par–
tout par un échec, l'Arménie, après cette alerte, conserva défini–
tivement son indépendance.
Artaxias, vers la fin de son règne (s'il s'agit toujours du même
personnage), essaya d'achever l'unité du pays en s upp r iman t
l'autre dynastie arménienne, la maison zariadride de Sophène.
Il tenta de lier partie à cet effet avec le r o i de Cappadoce
Ariarathe V pour l u i proposer de se défaire du nouveau r o i de
Sophène, Mithrobouzanès, et de se partager le pays. L ' oppo s i –
tion du Cappadocien fit échouer le projet
4
.
I l est v r a i que,
pour p r i x de sa protection, Ariarathe se fit céder par la Sophène
la ville de Tomisa, dont nous avons v u l'importance, sur la rive
gauche de l ' Euph r a t e
5
.
I l y a lieu de faire la même remarque pour les rois d'Arménie
de ce temps que pour les rois de la Cappadoce ou du Pon t :
comme l'atteste leur onomastique, leur culture était en partie
iranienne
6
.
Arménie, Cappadoce, Po n t avaient f a i t partie de
l'empire perse. L a grandeur achéménide y était encore v i v an t e ,
d'autant que, précisément, ces trois pays étaient de ceux
qu'Alexandre le Grand n'avait p o i n t visités
7
.
Tous trois avaient
subi le contre-coup de la conquête macédonienne plus qu'ils
n'en avaient senti les effets directs. Elle s'était bornée pour eux à
un changement du personnel satrapal ; encore ce personnel, en
Arménie particulièrement, a v a i t - i l continué à se recruter dans
l'élément iranien. L'hellénisation de ces satrapes « néo-iraniens »
s'était limitée à quelques détails protocolaires, comme la légende
des monnaies, concessions de pure forme faites à la mode du
jour. I l est vraisemblable, comme nous le verrons par l'exemple
de Tigrane le Grand et aussi de son contemporain le r o i de Po n t
Mithridate Eupator, que les anciens satrapes de souche plus ou
moins iranienne, ainsi mués en
basileis
hellénistiques, donnèrent
personnellement dans la culture grecque, qu'ils parlèrent le grec
comme langue diplomatique et de civilisation (ainsi qu'ils avaient
auparavant parlé perse), qu'ils surent goûter une tragédie d ' E u r i -
1 .
D I O D O R E D E S I C I L E , X X X I , 1 7
a.
2.
A P P I E N ,
Syr.,
4 5 .
3.
B O U C H É - L E C L E R C Q ,
Histoire
des Séleucides,
t . I , p. 296.
4.
P O L Y B E , X X X I , 1 5
a.
D I O D O R E D E S I C I L E , X X X I ,
22.
5.
S T R A B O N , X I I , n , 1 . Cf.
ibid.,
X I V , n , 29.
6.
A r t a x i a s ( t r a n s c r i p t i o n grecque), Ardachès en arménien, dérive d u
nom achéménide A r t a k h c h a t r a , n o t r e Artaxerxès. Z a r i a d r i s , Zarèh en armé–
nien, est apparenté à Z a r a d u c h t , Z a r a t h o u c h t r a . T i g r a n e o u D i k r a n est
également u n n o m i r a n i e n , c e p e n d a n t déjà attesté p a r X é n o p h o n c o mm e
nom d ' u n r o i d'Arménie, etc.
7.
J U S T I N , X X X V I I I , v u , 2.
Fonds A.R.A.M