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L E S
P R E M I E R S S I È C L E S D U « H A Y A S T A N ))
sion des « Mo u c hkh i », vraisemblablement du côté du Dersim
puisqu'il fortifia, nous le savons, plusieurs places de ce pays.
Quan t au pays de Tégarama q u i aurait servi d'étape aux futurs
Arméniens, le souvenir s'en est perpétué jusque dans la
Bibl
(
qui, au chapitre X de la
Genèse,
mentionne « Togarma » parmi
les puissances de ce temps. Nous verrons, de ce fait, les histo–
riens arméniens du Moyen Age désigner leur na t i o n comme le
peuple de « Th o r g om » ou « Th o g o rm ».
Mais le grand empire phrygien q u i d omi na i t l'Asie Mineure
s'était fondé sur u n terrain t r o p mo u v a n t . C'était, nous l'avons
v u , l'époque où les nomades indo-européens sortis des steppes
de la Russie méridionale, les Cimmériens et les Scythes, par–
couraient en tous sens la péninsule anatclienne en même temps
que les confins septentrionaux et orientaux de l ' Ou r a r t o u . En
677
le r o i d'Assyrie Assarhaddon refoulait une de leurs bandes,
commandée par un certain Teuchpa ou Tiouchpa, de la province
de Kh o u b o u c hk i a , aux sources d u g r and Zab, aux confins assyro-
ourartiens. Tiouchpa f u t tué. Sa bande se rejeta sur l'Asie Mineure
où en" 676-675 elle infligea aux Phrygiens un désastre q u i m i t fin
sinon à leur survie ethnique, du moins à leur d omi na t i o n
1
;
Le
dernier r o i de Phr yg i e du n om de Midas — le second de ce nom,
à notre connaissance,
—
se donna la mo r t
2
.
L e chef cimmérien
Touktammé ou Dougdami , le Ly g d ami s des historiens grecs,
successeur, semble-t-il, de Tiouchpa, t o u r na ensuite ses armes
contre la L y d i e
3
,
don t i l f i n i t par t u e r en 652 le r o i Gygès (le
Gougou, r o i de L o u d d i , des tablettes assyriennes)
4
.
Les Cimmériens ne survécurent guère à leur victoire. Ils
succombèrent entre la rapide restauration de la L y d i e et le
désastre que leur infligèrent en Cilicie, dès 645, les garnisons
assyriennes
5
.
Mais après cette t o u rme n t e l'ancien empire
phrygien des Gordios et des Midas ne se reconstitua point,
remplacé au moins partiellement en Asie Mineure par l'empire
l y d i e n des A l y a t t e et des Crésus. E n revanche, une partie des
t r i b u s phrygiennes « rompues » durent aller chercher plus loin
vers l ' E s t une nouvelle patrie, et telle f u t sans doute l'origine
des Arméniens.
De cette origine nous avons pour témoignage l'assertion, déjà
citée, d'Hérodote q u i affirme en outre que de son temps (vers
484-425)
Phrygiens et Arméniens s'habillaient encore semblable-
m e n t
6
.
L e témoignage d'Hérodote est corroboré par celui
d ' Eudo x e (vers 370 av. J.-C.) q u i répète « que les Arméniens
1.
Cf. A D O N T Z ,
Histoire
ancienne
de l'Arménie,
p. 292-293.
2.
S T R A B O N , I , I I I , § 2 1 .
3.
Ibid.
Cf. M A S P É R O .
I I I , p. 428, n . 2. R A D E T ,
La Lydie,
p . 176-179.
4.
Sources assyriennes, ap. M A S P E R O ,
I I I , p. 428. R A D E T , p. 180-181.
5.
M A S P E R O , p. 430.
R A D E T , p. 188-190.
6.
H É R O D O T E , 1. V I I , § 73.
Fonds A.R.A.M