L ' A R M É N I E
P R É A R M É N I E N N E
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du côté d ' An i et de Ka r s . Le t r i b u t
(
méché),
chez ces peuples
restés au stade de la vie pastorale, consistait s u r t o u t en bétail. Le
Diauéqi s'acquittait aussi en or, en argent et en cuivre f.
Le dieu suprême était K h a l d i à q u i , dans les inscriptions
royales, sont attribuées toutes les conquêtes effectuées par les
souverains et q u i exerçait une telle influence sur la vie du pays
que les habitants de l ' Ou r a r t o u ont été parfois désignés sous le
nom de « gens de K h a l d i », et leur langue sous celui de « langue
khaldi »
2
.
I l f o rma i t une sorte de trinité avec Téchéba, dieu de
l'orage, q u i correspond au Téchoub hourrite, et avec A r d i n i ,
dieu du soleil, q u i correspond au Chamach assyrien. On a v u
qu'un sanctuaire célèbre d ' A r d i n i se t r o u v a i t dans la province de
Moutsatsir (région de Sidikan) où les rois d ' Ou r a r t o u se rendaient
en pèlerinage. Mentionnons encore un dieu-lune, Chiélardi,
analogue au Sin baby l on i en . Bien entendu, à mesure que le
domaine ourartien s'agrandissait, le panthéon national profitait
de son expansion. C'est ainsi qu'après avoir conquis les pays
du lac Sévan, les rois d ' Ou r a r t o u y introduisirent le culte de
Téchéba.
La description que Sargon d'Assyrie nous a laissée de sa
marche à travers l ' Ou r a r t o u en 713 atteste la richesse du pays,
ia prospérité de ses villes murées et de ses campagnes. Les scribes
assyriens eux-mêmes chantent i c i l'œuvre du r o i Rousa
I
e r
:
celui-ci avait appris à ses sujets « le jaillissement des eaux »,
il avait creusé un canal et fait couler « une eau abondante comme
l'Euphrate ». « I l a v a i t fait sortir des rigoles sans nombre pour
irriguer les champs, transformer des territoires désolés en jardins
et y faire pleuvoir fruits et raisins comme la pluie. Des platanes,
des
chourathou
comme une forêt portaient l'ombre sur cette région.
I I . a v a i t f a i t cultiver en céréales 300
imer
de terre arable et
transformé des espaces désolés en prairies où herbe et pâturages
ne cessaient n i hiver n i été. Son pays étant couvert par les eaux,
il avait enseigné à élever des digues. I l a v a i t construit sur le
canal un palais pour sa royale demeure
s
. »
Sargon mentionne de
même le nombre et l'abondance des greniers à grain ( f r ome n t et
orge), la richesse des vignobles et l'excellence des crûs enfermés
dans les outres et les jarres des caves ourartiennes
4
.
E n f i n le
pays ( qu i n ' a v a i t pas encore subi l'effroyable déboisement
actuel) est vanté par le scribe assyrien pour sa magnifique parure
forestière. On nous d i t encore que les prairies ourartiennes
nourrissaient une race de chevaux réputée.
1.
A D O N T Z , p. 2 2 0 - 2 2 2 .
2.
L e n o m de K h a l d i s'est perpétué dans l'Arménie classique avec des
noms de l i e u x c o mm e K h a / t o y a r i t c h , « l i e u d u culte de K h a l d i ». Cf. M A R -
QUART,
le berceau des Arméniens,
dans
Revue des Études Arméniennes,
t . 8, 1,
1 9 2 8 ,
p.
2 1 8 .
3.
A D O N T Z , p. 2 3 4 .
4.
Ibid.,
p. 2 3 8 .
Fonds A.R.A.M