P R I N C I P A T
D E S
B A G R A T I D E S
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dans l'Aftzniq, en cette même année 850. Thomas célèbre l'intré-
uidité déployée par Ac h o t A r d z r o un i « poussant le c r i de l'aigle
et fondant comme le lion sur sa proie ». Ac h o t r omp i t l'aile
droite arabe, qu i , entraînant le reste dans la déroute, s'enfuit
jusqu'à Bitlis
1
.
Expédition de l'émir Yoûsouf contre le Vaspourakan
et le Tarôn
L'échec de ses lieutenants poussa le khalife Mo t a w a k k i l à un
effort plus considérable. I l en chargea, à la place du gouverneur
ftbou'Saïd décédé sur ces entrefaites, le fils de ce dernier, l'émir
Yoûsouf, avec mission de ramener dans les fers Ac ho t A r d z r o u n i
et Bagarat Bagratouni don t les territoires étaient, en cas de
réussite, promis à l'émir (851)
2
.
Yoûsouf entra en Arménie par le canton du Pe t i t AZbag
(
province de Kordjaïq, au sud de D j ou l ame r k ) et campa à Ad a -
makert, ville située sur le Grand Zab, entre le Pe t i t A / bag et le
Grand A/bag et où se t r o u v a i t une des résidences des A r d z r o un i .
Il pillait le pays, mais ce f u t « avec des formes amicales et paci–
fiques » que, sous prétexte de discuter des impôts arriérés, i l
manda le prince de Vaspourakan auprès de lui. Ac h o t A r d z r o un i ,
se doutant du piège que cachait une telle i n v i t a t i o n , n'eut
garde de s'y rendre. I l se retira avec ses. vassaux dans le Ma r d a -
stan, sur la rive nord-est du lac de Va n , non sans envoyer à l'émir
une lettre protestant de la pureté de son loyalisme. I l s'élevait
seulement contre la lourdeur du t r i b u t . De v an t la supériorité
numérique de l'armée arabe, i l cherchait à gagner du temps, à
éviter toute action décisive. Sa mère, la princesse Rhipsimé
qui était, on l'a v u , une Bagratide, sœur de Bagarat de Tarôn,
se rendit, avec de magnifiques présents, en ambassade auprès de
l'émir. C'était une femme intelligente, « habile dans la parole
comme dans l'action, non moins pieuse que prudente ». Le cheva–
leresque Yoûsouf accueillit avec une grande courtoisie la p r i n –
cesse et accéda à sa requête. I l déclara se contenter des présents
d'Achot Ardzrouni, reçut ses otages, et, tandis que Rhipsimé
rentrait chez elle avec de grands honneurs, i l évacua le Vaspou–
rakan. Par le Bznouniq, i l alla s'installer dans la citadelle mu s u l -
1.
THOMAS, I I , 6, p. 98-99.
2.
Voici d'après Brosset l a chronologie des p r i n c i p a u x chefs turco-arabes
Arménie à cette époque : A b o u
Sa'id, mo r t en 849 ; son fils
ïousouf 1er ^
e n
8 5 2
.
Bogha, mo r t en 865. A b o u - S a d j D i v d a d , fils de
ïousouf I«', ^ en 879. Afchîn, fils d ' A b o u - S a d j , mo r t en 901, et Yoûsouf
lioûsouf I I ) , frère d'Afchîn, >Ji en 927. Cf. B R O S S E T ,
Nouveaux
Mélanges
viatiques,
I V , p. 720 sqq. et dans sa traduction de K I R A K O S D E G A N D Z A K
>i' <f
"
ariens
arméniens),
p. 43, n. 5. D E F R É M E R Y ,
Mémoire, sur la famille
a t s
^adjides, Journal
Asiatique,
1848.
Fonds A.R.A.M