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P R I N C I P A T D E S
B A G R A T I D E S
Le khalife le renvoya aussitôt d ' I r a q en Arménie avec l
a u
j„
n
-
t
.
de grand
sparapet
ou généralissime (826)
1
.
Quant au fil
s
J ?
Bagarat, ce ne f u t que quatre ans après la mo r t du Carnivore q
?
'
les Arabes l u i accordèrent l'investiture du pays taronite avec]
t i t r e de prince d'Arménie, « gouverneur et ichkhan des ichkhan!
d'Arménie » (830)
2
.
Si l'autorité khalifale, après avoir maintenu
un « interrègne » de quatre années, s'était enfin décidée à investi
le fils aîné du Carnivore du principat paternel, c'était, comme
le f a i t remarquer La u r e n t , pour l'opposer à son frère cadet qui
était p o u r t an t
persona gratissima
à la cour de Baghdàd ou de
Sâmarrâ, mais avant t o u t i l ne fallait pas que ce dernier devînt
t r o p puissant. C'était ensuite pour faire obstacle aux attaques de
Bâbek, lesquelles continuaient de troubler le k h a l i f a t
3
,
p
our
faire obstacle aussi à la poussée des Byzantins q u i , comme nous
le verrons, recommençait à s'exercer dans le nord-ouest'
J . La u r e n t a raison de dire que, si le partage d u domaine bagra-
tide entre une branche taronite et une branche du Bagaran
répondait aux coutumes successorales de la féodalité arménienne,
ce partage n'en a pas moins été « v o u l u et favorisé par les Arabes
pour diminuer l a force et l'importance de l'État constitué par
Ac ho t le Carnivore, empêcher son développement et faire obstacle
au progrès de la nation arménienne, sous l'hégémonie d'un Bagra–
t o un i , vers l a cohésion et l'unité »
5
.
Les calculs de l ' a dmi n i s t r a t i o n arabe se trouvèrent en partie
confirmés par les faits. I l arriva que les deux frères bagratides
se querellassent, comme ce f u t le cas vers 841, lorsque Bagarat de
Tarôn, sur des rapports calomnieux, nous assure Jean Katho–
likos, fit déposer le patriarche Hovhannès I V d'Ova
e
,
lequel
dut se retirer au monastère d'Aïri-vanq. L e prince de la Siounie
occidentale, Grigor-Souphan I
e r 7
,
p r i t la défense du prélat et.
s'étant rendu auprès de Sembat Ablabas, o b t i n t l'adhésion de ce
dernier. Sembat réunit alors u n synode q u i , malgré Bagarat,
1.
V A R D A N , trad. M A R I É S ,
R. E. A.,
I , 3, 1921, p. 283. Cf. MARQUART.
Streifzùge,
p. 451, 464.
2.
S u r son élévation, T H O M A S , I I , c h . v , p. 96,
J e a n K A T H O L I K O S , 13
p. 103, et B E L A D H O R I , I , p. 211, ap. T H O P D S C H I A N ,
Polit.
Gesch.,
p. 118
Cf. L A U R E N T , p. 105, n . 2.
3.
Ce fut u n n a k h a r a r arménien, Sahl, fils de Sembat, seigneur de Chakheoi
qui en 837 finit p a r capturer Bâbek et le l i v r a à l'émir Afchîn, chef de 1, armée
khalifale ( V A R D A N , trad. M U Y L D E R M A N S , I I I , 6, p. 120.)
4.
Cf. T C H A M T C H I A M , I I , p. 430. S A I N T - M A R T I N ,
Mémoires historiques,
l.
p. 344. D A G H B A S C H É A N , p. 9. G F R Ô R E R ,
Byzantinische
Geschichte,
I I I , p. *«•
5.
L A U R E N T , p. 105. Indépendamment de B a g a r a t et de Sembat Ablabas.
A c h o t Msaker avait laissé trois autres fils, D a v i t h , Sahak et Mouche/, vaiaan
nous apprend que D a v i t h bâtit Odjberd, a u Tarôn (trad MUYLDERMANS-
I I I ,
5,
p. 119).
. „
h
.
6.
Hovhannès I V d ' O v a ou O v a h i k (dans le Kotaïq ou Godaïq), P
A T
^ ,
d'Arménie de 833 à 855. Voir sur lui T h o m a s A R D Z R O U N I , 1. I I , 6, p.
7.
G i i g o r Souphan I " , fils de S a h a k , prince de l a Siounie ocadenu
(
Gé/arqouniq, région d u Sévan), l u i succéda dans cette principauté de -
ou 833 à 849, 851 ou 852. Cf. B R O S S E T ,
Histoire de la Siounie,
I I , P - 1 * * * * '
Fonds A.R.A.M