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G É O G R A P H I E D E L ' A R M É N I E E T L ' H I S T O I R E
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le haut des vallées, écrit R. Blanchard. C'est un émiettement com–
plet. Tous les villages sont installés dans des sites de défense en
nids d'aigle. Les maisons s'installent en escalier sur une pente,
chaque t o i t p l a t servant de cour à la maison q u i le domine. »
A l'intérieur de la forteresse arménienne : les sommets.
A l'intérieur du double arc de cercle des chaînes bordières
s'étend le plateau arménien. « Ad i e u les crêtes boisées, écrit
R. Blanchard, les rudes pentes où glissent les eaux, le dédale des
gorges d'où mo n t e n t les brumes. Le pays s'ouvre, s'abaisse, les
lignes s'adoucissent et se fondent. Des formes nobles, convexes,
s'étendent à l ' i n f i n i . Disparues, les montagnes : v o i c i les plateaux.
La végétation s'atrophie sous l'éclat un peu du r d'un ciel de
steppe. L e v e r t cède la place aux jaunes et aux ocres. E n des–
cendant du col de Zikar vers Akhaltzikhé
1
,
du Qarabagh sur le
Gôk-tchaï (ou lac Sévan), de R i t l i s sur la plaine de Mou c h
2
,
le
même contraste apparaît : i l a frappé tous les explorateurs de
l'Arménie. »
Est-ce à dire q u ' i l s'agisse d ' un plateau central de surface
uniforme ? Nu l l eme n t . L e plateau, — puisque dans l'ensemble
plateau i l y a — , est semé de montagnes plus hautes encore que
celles de la périphérie. Une partie d'entre elles constituent d ' a i l –
leurs une suite de plis orientés, comme l a chaîne bordière elle-
même, en direction est-ouest. L ' u n de ces plis commence, du
côté de l'ouest, avec l a chaîne, encore en partie boisée, du Dersim
(
provinces médiévales de K ema k h , de Kh o z a n et de Pama t oun ) ,
l'ancienne Acilisène. Cette chaîne se poursu t vers l'est par celle
du Chaïtan-dagh (les mon t s du Diable), puis du Ringôl. Elle se
double au nord par « l'épine dorsale arménienne » q u i court du
nord d ' Er z i nd j an au sud d ' Er z e r oum et a b o u t i t à la crête de
l ' Agh r i - da gh , au nord du district médiéval de Bagrévand jusqu'à
celui de T c h a k a t q . A l ' Agh r i - da gh f a i t suite, en s'infléchissant
vers le sud, sud-est, la chaîne du Tendourek q u i dans le canton
médiéval d u K o g o v i t achève de séparer l'Arménie septentrionale
—
le pays d ' An i et de Ka r s — de l'Arménie vannique. E t le
Tendourek à son t o u r se relie à la ligne de partage q u i , en direction
nord-sud, à travers la vaste province de Vaspourakan, sépare
le bassin du lac de Va n du bassin du lac d ' Ou rmi a . Plus au sud
encore, cette arête va se souder aux monts Zagros.
Cette série de chaînes intérieures q u i d'ouest en est coupent
l'Arménie par le mi l i e u , a joué dans l'histoire le rôle d'une
barrière intérieure, en grande partie responsable du dualisme
1.
C'est-à-dire en passant de l'Iméiéthie vers l a p r o v i n c e de Meskhéthi
dans le bassin supérieur de l a K o u r a , a u x confins arméno-géorgiens.
2.
L a p l a i n e de M o u c h , entre le K h o ï t h , le Sasoun et le T a r o n .
Histoire de l'Arménie.
Fonds A.R.A.M