E T L E S ROIS AR S AC Î D E S D ' A RMÉ N I E
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ment sur le trône d'Artaxata
1
.
Tacite (suivi plus tard par
Moïse de Khorèn) nous raconte la dramatique histoire de la
reine Zénobie, femme de Rhadamiste, qui, pour ne pas retarder
la fuite de son époux, se fit jeter dans l'Araxe où des bergers la
sauvèrent. Amenée à la cour de Tiridate I
e r
,
elle fut traitée en
reine par le prince arsacide
2
.
La politique romaine ne se résigna point au fait accompli. Au
début du règne de Néron, le général romain Corbulon fut envoyé
en Orient avec pleins pouvoirs. Les deux provinces qui bornaient
PArménie à l'ouest furent données à deux princes syriens, fidèles
clients de Rome : le prince asmonéen Aristobule reçut la « Petite
Arménie », c'est-à-dire la partie nord-est de la Cappadoce (région
de Nicopolis et de Satala) et le prince émésien Sohaemos reçut
la Sophène
3
. (
Notons qu'il est possible que ce soit à la présence
de ces dynastes juifs ou syriens que soit due l'immigration juive
constatée par les chroniqueurs dans l'élément urbain de l'Arménie
romaine). Au printemps de 58 Corbulon pénétra en Grande
Arménie par la route de la Cappadoce et marcha droit sur
Artaxata, tandis que le roi d'Ibérie Pharasmane opérait une
diversion en attaquant l'Arménie par le nord, et que le roi
Antiochos de Commagène, également client des Romains, en
opérait une autre par le sud-ouest. Corbulon entra dans
Artaxata que Tiridate venait d'abandonner et livra la ville aux
flammes ; puis, après avoir hiverné dans le pays, i l marcha,
l'été venu, sur Tigranocerta, traversant ainsi toute l'Arménie du
nord au sud, marche pénible dont Tacite nous décrit les souf–
frances
4
.
En traversant « le district des Taurannites », c'est-à-
dire le Tarôn, i l faillit être t ué
5
.
Les habitants de Tigranocerta
ouvrirent, sans combat, leurs portes, mais la citadelle, défendue,
dit Tacite, par une jeunesse intrépide, dut être prise d'assaut
(59)
6
.
L'Arménie se trouva ainsi rentrer une fois de plus dans la
clientèle de Rome. Le prétendant arsacide, ajoute Tacite, con–
servait quelques partisans, « mais le plus grand nombre, révolté de
l'orgueil des Parthes, préférait un roi donné par les Romains »
7
.
Néron envoya régner sur l'Arménie un prince cappadocien élevé
à Rome et qui fut le roi Tigrane V, d'ailleurs époux d'une
princesse de la dynastie artaxiade. Toutefois, l'intégrité du
territoire arménien ne fut pas sans souffrir de ce changement
dynastique, car Rome, pour récompenser ses clients, Pharas-
1.
TACITE,
Ann.,
X I I , 4 4 - 5 0 .
2.
Ibid.,
X I I , 5 1 .
3.
Ibid.,
X I I I , 7. Sur la question a r mé n i e n n e sous le règne de Néron,
cl- P . ASDOURIAN,
Beziehungen zwischen Arménien
und Rom von
1 9 0
v. Chr.
bis
428
n. Chr.,
p. 8 8 - 9 8 .
4.
TACITE,
Ann.,
X I V , 2 3 .
5.
Ibid,
X I V , 2 4 .
6.
Ibid.,
X I V , 2 5 .
7.
Ibid.,
X I V , 2 6 .
Fonds A.R.A.M