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es q u i donnent à leur propre conscience et à
Dieu l a réponse de Caïn, disent franchement:
«
Non, nous ne sommes pas les gardiens de nos
frères. Nous avons assez à faire à veiller sur
nous-mêmes. » Mais si pareille neutralité avait
guidé les conseils des nations dans les vingt der–
niers siècles, y aurait-il une civilisation chré–
tienne? L'Histoire pourrait-elle enregistrer u n
seul acte altruiste au crédit d'aucun peuple ? L'es–
clavage aurait-il été jamais aboli?
A l'opposé de cet égoïsme, i l y a ceux q u i
croient que l'homme ne v i t pas seulement de
pain, ou seulement pour lui-même; q u i soutien–
nent que les nations comme les individus, ont
des responsabilités les unes envers les autres,
lorsque surtout ces autres sont faibles et oppri–
mées.
Laissons résolument de côté l'argument de la
morale transcendante, argument abstrait et mys–
tique, auquel beaucoup ne savent opposer que
haussements d'épaules et sourires. Entrons dans
les raisons concrètes des droits et des devoirs
qu'ont particulièrement deux nations dans ces
terribles affaires arméniennes. P a rm i les specta–
teurs neutres et passifs et q u i sont restés muets,
tandis que s'écrivait la page l a plus sombre de
l'Histoire moderne, les Américains et les Suisses
ne devraient pas oublier que leur argent et leurs
représentants ont travaillé, pendant deux géné–
rations en Turquie, à
élever
les Arméniens. Avec
les Français, les Anglais, les Allemands et les
Fonds A.R.A.M