simples d'esprit, comme l'ont trop souvent
avancé ceux qu i ont eu l'audace de vouloir ex–
pliquer et excuser le forfait.
La réfutation de la première de ces croyances
répandues dans le public, est que les grands mas–
sacres n'ont eu lieu que depuis un quart de
siècle, tandis qu'Arméniens et Turcs ont vécu
côte à côte en Asie Mineure depuis près de sept
siècles.
La réfutation de la seconde est que les tueries
n'ont pas été le privilège des plus grandes villes,
où se trouvent en grand nombre les Arméniens
aisés, mais se sont toujours produites exacte–
ment de la même façon, exactement avec l a
même intensité, dans des centres où les Armé–
niens étaient à la fois très ignorants et très
pauvres.
Il n'y a rien de plus absurde, i l n'y a rien de
plus contraire à la nature et à l'histoire que de
vouloir résoudre l a question arménienne par une
émigration
en masse
vers l'Amérique ou vers
quelque autre pays. Les Arméniens sont un élé–
ment indigène dans l a Turquie d'Asie. Leur émi–
gration en masse pourrait sauver l a vie de p l u –
sieurs centaines, de milliers d'individus. Mais elle
briserait les cœurs de l a plupart de ceux qu i
seraient ainsi sauvés; elle consommerait la ruine
des Arméniens, comme race et comme nation,
aussi sûrement qu'une extermination sanglante
poursuivie jusqu'au bout.
Qu'a fait la race arménienne pour être sup-
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Fonds A.R.A.M