férentes de ce qu'elles sont ailleurs en Europe.
I l n'y a pas un nombre suffisant d'hommes cul–
tivés parmi les éléments non chrétiens pour for–
mer et guider l'opinion publique. Conséquence:
i l n'y a pas d'opinion publique; le pouvoir a tou–
jours été entre les mains d'un cercle étroit et cor–
rompu, et la nation ottomane ne s'est pas déve–
loppée dans des institutions populaires, de ma–
nière à pouvoir se gouverner elle-même, comme
les autres nations de l'Europe.
Le nouveau Régime fut salué avec joie au de–
hors, et non moins joyeusement dans l'Empire
par les éléments non musulmans. La Constitu–
tion de 1908 apparaissait comme une aurore:
sans distinction de races ou de religions, tous les
éléments allaient, semblait-il, commencer de réa–
gir contre l'absolutisme d'Yildiz-Kiosk, égale–
ment nuisible et même oppressif, en pratique,
pour toutes les nationalités soumises à sa ty–
rannie.
On ne tarda pas à voir cependant que liberté,
égalité et fraternité n'entraient pour rien dans la
conception que les Jeunes-Turcs avaient, un Etat
constitutionnel. C'était tout simplement une
clique qui en remplaçait une autre. I l y avait
bien des Jeunes-Turcs honnêtes, sincères, mus
par des motifs au-dessus de tout soupçon et qui
pensaient ce qu'ils disaient. Mais ils étaient si
peu nombreux qu'ils ne purent l'emporter sur la
masse personnifiée au sein du Comité
Union
et
Progrès,
par des hommes tels que Talaat, Enver,
Fonds A.R.A.M